Alors que les partis politiques ne lésinent pas sur les moyens pour faire entendre leur voix, démontrer leur force et gagner la confiance des électeurs pendant ces trois semaines de campagne parfois marquées de joutes oratoires, plusieurs métiers en profitent.
Depuis le 27 avril, la campagne électorale bat son plein. À la face de la médaille, des rassemblements grandioses avec chemises et T-shirt du parti ici et là, des accusations malsaines avec souvent des heurts entre militants, des promesses qui se sèment au gré des vents à coup de slogan sur les lèvres des candidats…tous les ingrédients semblent parfait pour le bon déroulement de la sauce électorale.
Mais, sur l’autre face de la médaille, cette campagne électorale est aussi une véritable machine à sous qui génère un véritable business, une bouffée d’oxygène passagère pour plusieurs métiers. En voici trois :
Les couturiers
Avec les chemises des militants, en pagnes, à l’effigie du Cndd-Fdd, du CNL ou de l’Uprona, cette campagne électorale représente un pic d’activité pour les tailleurs. Dans presque tous les ateliers de couture à Gitega, toutes les tables de travail sont occupées. En dessous des étagères qui croulent sous des montagnes de tissus, des couturiers s’affairent, retouchant çà et là une chemise avec l’effigie du Général Neva, brodant des motifs sur le col d’une chemise avec logo du Cnl. Dans un des ateliers, un umudasigana enfile sa chemise rouge et blanc, dans la cabine d’essayage improvisée au fond de la boutique. Penchée sur sa machine qu’elle fait tourner à coups de poignet, Joséphine, une couturière, témoigne : « Vive cette campagne électorale, car aucun tailleur n’est chômé. Tous les membres des partis politiques affluent vers nous pour confectionner les habits de la cérémonie et nous y trouvons notre part du gâteau », se réjouit-elle, en découpant une bande de tissu bigarré.
Les chanteurs
Rencontrer un artiste dont on est fan est toujours un grand moment. Et les politiciens le savent très bien, au grand bonheur des fans-électeurs. Pour attirer la foule aux rassemblements, certains artistes ne chôment pas. On retrouve SAT-B dans la team de l’indépendant Dieudonné Nahimana, Dr Claude et Cedric Bangy avec le Cndd-Fdd, sans oublier Rallye Joe au compte de l’Uprona. Un membre de la team de SAT-B, raconte : « Il a signé un bon contrat car après tout il est un business man, et il y a trop d’argent en politique. En plus, ces politiciens savent que ces artistes sont célèbre dans le pays, et les amènent pour gagner les électeurs en incitant ses fans à participer au meeting ». Un jeu gagnant-gagnant, au grand bonheur des musiciens.
Les sérigraphes
Au-delà des t-shirts, les photos des candidats sont imprimées sur des banderoles et panneaux publicitaires, sur les voitures, et sur les casquettes. Pour cela, les ateliers de sérigraphies ne désemplissent plus. Le secteur a le vent en poupe. Selon un travailleur à GTC, le nombre de clients est passé du simple au double, voire au triple. Les employés sont partagés entre flocage et impression. Pour eux, l’instant est rare, car les élections ne se tiennent pas tous les ans. Ils se félicitent ainsi des recettes qui sont passées du simple au double : « Avant, il n’y avait pas d’activités et les caisses étaient vides. Mais avec l’accroissement des commandes, nous nous frottons bien les mains », ajoute Prosper*, travailleur à GTC.
Ces trois métiers ne sont qu’une goutte dans un océan d’eau. Nombreux, comme ceux qui ont des camions « Fuso » de location, les hôtels, les barmans et les décorateurs des lieux de rassemblement qui profitent de cette campagne électorale.