Dans une vidéo largement relayée sur la toile, Gaston Sindimwo, le Premier vice-président burundais, déclare que « grâce à Dieu, le coronavirus a peur des Burundais ». Des propos qui ne passent pas pour le blogueur Déo Ndayishimiye.
« Si vous regardez dans le monde entier, la vie est à l’arrêt. Les gens restent dans les maisons. Mais dans notre pays le Burundi, Dieu nous a donné une bon climat, d’ailleurs, il a rendu les Burundais forts, à tel point que ce virus n’a même pas pu venir au Burundi. Même ceux qui ont attrapé ce virus, nous vous faisons savoir qu’ils se portent bien actuellement. Cela veut dire que ce virus a peur des Burundais, grâce à Dieu… ».
C’est une déclaration du Premier vice-président de la République du Burundi, Monsieur Gaston Sindimwo, maintenant candidat du parti UPRONA aux élections de 2020. Depuis hier, je la visionne, la re-visionne et la re-re-visionne. Je n’en reviens pas.
Vraiment ?
Si de tels propos étaient tenus par un « cultivateur » de la campagne, j’aurais pu comprendre facilement. Mais le vice-président de la République ? Une autorité entourée de tous les conseillers possibles et plus particulièrement en santé et en communication ? Pour paraphraser Gérard Davet et Fabrice Lhomme, un vice-président ne devrait pas dire ça…
Un germe pathogène qui « a peur » d’un peuple que d’un autre, voilà donc à quoi est réduit le Sars-Cov-2. Donc tous ces Chinois, ces Américains, ces Italiens, les pays de l’EAC, tous ne signifient rien devant Covid-19 ? Ces paroles, prononcées par un représentant du peuple dont je suis membre, me font sentir ridicule, coupable, alors que la réalité nous prouve le contraire.
Hommage
D’un autre côté, je ne cesse de m’imaginer le stress que vit actuellement le ministre chargé de la Santé. Sans nul doute, il ne manque jamais de glisser dans ses prières que les Burundais prennent conscience du danger et observent régulièrement et scrupuleusement les conseils qu’il n’arrête de prodiguer à longueur des journées. C’est évident, lui et ses collaborateurs bossent dur, ces derniers jours.
Ils se battent. Contre le virus, contre la désinformation, contre la mort. Ces médecins, tout le temps au chevet des malades, devenant ainsi les premières cibles exposées à ce virus se battent aussi. Je m’imagine toute la peur qui remplit actuellement leur ventre. Ces journalistes et blogueurs en veille permanente sur l’information, pour maintenir la sensibilisation sur ce danger qui menace l’humanité toute entière, se battent aussi contre les manipulations politiciennes, contre les rumeurs. Oui, les rumeurs, nous savons tous de quoi elles sont capables au Burundi.
Dire que le Covid-19 a peur des Burundais, c’est vouloir maintenir la population dans l’ignorance. C’est réduire à néant les efforts de toutes ces personnes. C’est aussi passer sous silence toute cette bravoure, tous les sacrifices que j’observe ici et là, destinés à protéger le peuple contre l’invasion insidieuse du peuple burundais par ce virus.
J’oubliais tous les dons récemment faits, respectivement par l’organisation mondiale de la santé OMS et le peuple de Chine, pour que le Burundi ait les moyens de s’armer contre ce virus qui, je tiens à le RAPPELER, n’épargne personne. Des dons qui veulent dire, soyez sur vos gardes.
Monsieur le Vice-président, à défaut d’assumer la dangerosité de cette maladie, soyons au moins reconnaissants pour la mobilisation de toutes ces personnes !