Située dans la « corne orientale » du Burundi, Gisagara a ses singularités. Les jeunes de cette commune s’expriment sur les leaders politiques qu’ils souhaiteraient avoir. Nous découvrons que ces derniers doivent avoir certaines qualités.
En divisant en quatre parties la carte de la province Cankuzo, on trouve la commune Gisagara dans le quart Sud-Est. Comment s’y rendre ? Étant à la sortie de l’artistique rond-point de la ville de Cankuzo, on laisse la RN13 pour dévier à droite en empruntant la route Cankuzo-Gisagara-Gasenyi, dont le début traverse la ville et va jusqu’à la frontière burundo-tanzanienne.
Après 14 km, une pancarte métallique nous souhaite la bienvenue dans la commune Gisagara. Plus on progresse, plus la couleur locale s’accentue : un paysage rocheux. Ici et là sont éparpillées des roches de toutes les tailles. Les montagnes couvertes de verdure sont présentes au décor. À 25 km, on arrive au chef-lieu de la commune.
Le pittoresque de Gisagara
Des lieux qui méritent une visite ne manquent pas. A Murore, se trouve le site « Kumana za Murore ». C’est là où, vers 1884, le chef Rurakengereza a combattu et vaincu les guerriers de l’empereur Mirambo des Banyamwezi.
Sur la colline Kigati, la nature nous surprend avec une gigantesque pierre élevée et escarpée nommée « Kuryingoma ». Des visiteurs émerveillés ne résistent pas à graver leurs noms aux parois de ce monument naturel. Gisagara abrite une des 16 aires protégées du Burundi : le Paysage protégé de Gisagara avec 6130 hectares. À Gasenyi est implanté le « Mpuzamakungu » : le fameux « marché international » qui réunit les Burundais et les Tanzaniens.
Sur les leaders politiques, Gisagara s’exprime
Nshimirimana Joseph de Murore a 22 ans. Il vient de terminer l’école secondaire. De temps en temps, il travaille comme « aide-maçon ». Il donne son opinion sur ce qu’est un bon leader politique : « C’est vrai que nous, jeunes, constituons la majorité numérique de la population burundaise. Ainsi, nous devons être suffisamment représentés. Je veux un leader jeune qui est en phase avec la modernité, qui comprend notre vie et les défis auxquels nous sommes confrontés notamment le chômage. Celui-ci saura exaucer nos besoins. »
Igiraneza Chadrack du même centre, dans la vingtaine, partage le même avis : « J’aimerais un leader qui comprend nos besoins et qui leur donne une priorité. Par exemple, on a besoin des espaces pour jeunes, où l’on peut se cultiver, rencontrer et échanger avec les autres jeunes de différentes tendances. Malheureusement, notre commune n’en possède aucun. ». Chadrack ajoute que ce leader doit être unificateur, quelqu’un qui inspire confiance à tous ses sujets.
Claude Nahimana, 26 ans, vit sur la colline Muhingamo. Il fait partie des ouvriers agricoles qui se livrent à l’émigration saisonnière vers la Tanzanie. « Ici, la pauvreté est palpable. Pour moi, se rendre en Tanzanie est une alternative pour pallier cette galère ».
Claude croit fermement que les leaders politiques peuvent améliorer la situation socio-économique locale. « Un bon leader politique doit être proche de tous ses dirigés, pour comprendre différents aspects de leur vie. Il doit collaborer avec eux afin de déceler et créer des opportunités » explique-t-il.
Hatugimana Sebastien, dans la trentaine, travaille dans un bar sur la colline Camazi. Il affirme que les opposants politiques sont essentiels au progrès du pays. « Ils doivent être motivés par le bien de la population, et donc soutenir toutes les actions et programmes visant le progrès. Ils portent l’essentiel des critiques et propositions alternatives au pouvoir en place. »
Gisagara est l’une des 5 communes de la province Cankuzo. Elle comporte 2 zones : Gisagara et Camazi avec respectivement 15 et 8 collines.
Coincée entre 3 communes (Cankuzo, Cendajuru, Mishiha), Gisagara couvre une superficie de 347,4 km² avec environ 85 272 habitants. Cette population vit principalement de l’agriculture, de l’élevage.