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POLITIQUE

Mwezi Gisabo et l’après traité de Kiganda : quelle relation avec l’occupant allemand ?

Le traité de Kiganda qui consacrait l’affaiblissement du pouvoir de Mwezi Gisabo a été surtout l’œuvre d’un certain Von Beringe. Mais ce qu’on ne dit  pas souvent, c’est que ce capitaine sera, par après, désavoué par ses supérieurs et remplacé par un certain Von Grawert, en 1904, qui s’évertuera à rendre la « grandeur » à Mwezi.

Il intéressant de lire qu’en acculant Mwezi Gisabo, Von Beringe agissait en violation de la volonté du gouverneur du Ruanda-Urundi, un certain Von Götzen. Lui qui disait que tant que « les rois du Ruanda et de l’Urundi  restaient fidèles aux Allemands, ils doivent rester maîtres chez eux ». Il ira jusqu’à examiner l’opportunité d’annoncer Gisabo, avec toute la solennité voulue, chef suprême  de l’Urundi à condition qu’il demeure fidèle. 

Le même gouverneur se plaindra dans une lettre de la fragmentation du royaume provoqué par Von Beringe, une entorse à l’application de la théorie de l’administration indirecte chère aux Allemands. 

Ces inquiétudes, il les partagera avec le capitaine Von Grawert qui semblait avoir compris la politique d’unification et de la prééminence monarchique prôné par son gouverneur. Un peu plus d’une année après le traité de Kiganda, il décidera de rétablir l’autorité de Mwezi. À la suite d’un voyage qu’il effectuera à travers le Burundi en 1904, c’est un Grawert qui sera frappé par la vénération populaire à l’égard du roi.  Il s’étonnera par exemple d’apprendre qu’un chef de l’extrême-sud, un certain Ruhindikira ou d’extrême nord-est, Coya ou Muhini, reconnaissaient l’autorité de Mwezi et se considéraient comme ses sujets.  

Revirement

Kilima, Maconco ou d’autres anti-rois devraient regretter la venue de Grawert. Car, toujours à la suite de ce voyage, ce dernier s’attellera à restaurer l’autorité du roi Mwezi. Ceci se concrétisera par la reconnaissance de Mwezi à Bukeye le 8 octobre 1905, un territoire qui avait été attribué à Kilima lors du traité de Kiganda. 

C’est aussi un Von Grawert qui aidera le roi à réprimer d’autres rebelles. C’est ainsi qu’au début de 1905, il y aura une offensive contre un certain Kanugunu qui s’était rebellé au Nord-est. Il y succombera, sa tête présentée au roi. Et au  mois de mai, ce sera le tour Maconco, le gendre de Mwezi. Arrêté dans son territoire, il sera abattu à Bujumbura par Von Grawert. 

Kilima lui aussi n’y échappera pas. Il est attaqué à son tour dans sa capitale de Munanira et son enclos incendié. Il est d’abord saisi à la mission de Mibirizi au Rwanda, puis déporté à la station de Neu-Langenburg près du lac Nyassa au Malawi.

En 1908, c’est encore le Nord-Est qui est concerné au point de pousser Rusengo, chef du Bugufi à se rendre au mois de juin. De leur côté, Busokoza et Mbanzabugabo prendront le large. 

Nuance tout de même 

On le voit, les lendemains du traité de Kiganda seront déchantant pour le camp rebelle. Mais dirons-nous pour autant que Mwezi se retrouve valorisé ? On pourrait avancer que oui, ou en partie. Nuance toutefois, car il est fort probable que ces interventions pour rétablir l’autorité du Mwami n’étaient destinées qu’à assurer le renforcement de l’autorité coloniale.

Il faut dire que l’occupant allemand essayait de s’imposer comme il pouvait, pratiquant une politique à la fois opportuniste, réaliste et empirique. Un empirisme qui expliquerait peut-être les incohérences de ses agissements.

 

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