Comme partout ailleurs au Burundi, les jeunes de Buraza composent avec de nombreux maux. Au delà de sa famille politique, le candidat de leurs rêves, qu’il soit de la mouvance ou de l’opposition, devra d’abord se plier en quatre pour batailler contre les défis qui hante la jeunesse.
8h du matin. Nous quittons le centre-ville de Gitega, cap sur Buraza. À quelques kilomètres du chef-lieu de la commune, nous croisons des jeunes portant des tee-shirts du parti CNDD-FDD. Nous nous arrêtons et les saluons.
« Salut chefs, vous venez aussi pour voter ? », nous demandent-ils. De fait, ce jour, doivent être élus les membres du parti de l’aigle qui seront sur la short list pour divers postes. Même ceux qui habitent Bujumbura doivent monter voter sur leurs collines natales. D’où la question de ces Imbonerakure. Nous leur répondons par la négative et notre discussion s’oriente sur le « portrait-robot » de leurs candidats.
Jean Paul, un jeune homme qui entre dans la trentaine, visiblement le plus vif du groupe. « Il va sans dire qu’il doit être un Umugumyabanga. Le chômage des jeunes devrait être sa priorité. Moi par exemple, ça fait trois ans que j’ai terminé l’université, mais, pour vivre, je dois prester comme vacataire dans un collège communal avec un salaire de loin inférieur à la moyenne », raconte-t-il, avant de répondre dans un éclat de rire à la question de quel opposant il souhaiterait avoir : « Le mieux est qu’il n’y en ait pas » et de continuer, sur un ton plus sérieux « Il faudrait qu’il ne soit pas quand même un type qui râle à longueur de journées en critiquant le gouvernement sans proposer des voies de sortie ».
« Un candidat, c’est d’abord une réponse »
Non loin du bureau communal, la paroisse Saint Charles Borromée, toute une mosaïque de profils se retrouve autour de l’église. Normal, le samedi c’est le jour de la catéchèse. Des enfants venus pour recevoir des enseignements pour la première communion et la confirmation se faufilent entre les adultes, des futurs mariés qui sont venus voir Monsieur le curé.
Parmi cette dernière catégorie, Désiré, un vigile à Bujumbura qui a jeté son dévolu sur une jeune fille de sa colline natale, raconte. « Au moins on peut être sûr que l’on a sa propre femme quand elle est de la campagne contrairement à une citadine », glisse-t-il. Nous ne nous attardons pas sur ce double sens car le brave Désiré se lance dans une litanie de problèmes que rencontrent les jeunes de son âge qui, affirme-t-il, « se sont tourné vers le CNL de Rwasa parce que le CNDD-FDD ne nous a pas tiré de la misère ». Naturellement, nous lui demandons alors qui il aimerait avoir. « Peu importe sa couleur politique. Un candidat, c’est d’abord une réponse aux problèmes de la société ».
Une réponse, Jacqueline en a cruellement besoin. Elle qui doit faire quatre heures de route chaque jour -aller et retour- pour l’école n’a qu’un seul vœu : « Des écoles et des enseignants pour chaque colline. Cela soulagerait beaucoup d’entre nous qui passons cinq journées entières sans manger chaque semaine. Rentrer et revenir suivre les cours de l’après-midi est impossible ».
La commune de Buraza, subdivisée en 18 zones, se trouve dans le sud de la province de Gitega. Elle est le trait d’union entre cette dernière et les provinces de Bururi et Rutana. Selon les chiffres de l’Isteebu, elle compte près de 48 000 âmes. Buraza est à cheval entre les régions de Kirimiro et Bututsi.