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#ThePoliticianWeWant : Cendajuru, l’enfant pauvre de Cankuzo

Enclavée, sans électricité ni routes praticables, Cendajuru semble perdue au milieu de nulle part. Des dirigeants qui pallieraient à cette situation, c’est le souhait des habitants du coin.

Je me suis joint à un groupe d’amis pour un pèlerinage vers la croix de Misugi, en commune Cendajuru, la toute première croix des missionnaires aux Burundi. Nous sommes tous ravis d’aller contempler ce symbole chrétien, parce que, dit-on, les pèlerins à cet endroit reçoivent beaucoup de grâce divine. « Avez-vous déjà fait un long voyage à moto ? », demanda l’un de nous qui avait déjà visité l’endroit. 

Cette question nous semble bizarre parce que nous avions informé nos cerveaux que nous allions faire ce voyage en voiture et que ça allait vraiment être super. « Les routes vers Cendajuru sont vraiment impraticables à telle enseigne qu’il n’y a pas de bus ou de taxi pour y arriver. Nous devrons prendre des motos avec beaucoup d’arrêts en route. Sachez-le en avance ».

Nous nous rendons au parking des motos et chacun prend sa moto. Les motards prennent une route caillouteuse qui a subi les effets de l’érosion. Nous parcourons une longue distance avant d’apercevoir des ménages avec des personnes au bord de la route, enchantées de voir des passagers à moto passer dans leur localité. Ils avertissent les motards de ralentir parce qu’à quelques mètres, la route est très dangereuse.« N’ayez crainte, ça va aller. Nous avons assisté à beaucoup de cas pareils même plus dangereux que ça », nous rassure Pascal, un jeune homme de la localité. Malheureusement, quelques mètres plus loin, notre moto s’embourbe. Pascal et ses voisins  en concertation avec le motard essayent de sortir la moto de la boue pour que nous puissions continuer. Entre temps, j’en profite pour m’entretenir avec Éric, l’un des voisins de Pascal. 

« C’est toujours comme ça ici ? », lui demande-je. « Oui, c’est comme ça. Nous, nous sommes déjà habitués. Il n’y a personne pour intercéder pour nous. Nous nous demandons ce que nous avons fait, nous ne comprenons pas nous-mêmes ». Eric me fait savoir que les autorités sont au courant de l’état de cette route, mais « on dirait que personne ne s’en soucie. ». Pour lui, le bon leader sera celui qui désenclavera sa commune, car dit-il, « nous sommes bloqués dans plusieurs domaines ».

L’absence de l’électricité, un blocage 

Comme c’était prévu, nous devrons passer la nuit au chef-lieu de la commune Cendajuru. Sans électricité, nous décidons de passer notre soirée dans un bistrot. Nous rencontrons de jeunes diplômés de la localité, avec qui nous sympathisons. 

« Après mes études secondaires, je n’ai pas eu la chance de continuer avec l’Université. Je suis ici dans la maison de mon père, j’ai beaucoup d’idées d’entreprise, malheureusement, je me heurte toujours à des obstacles difficiles à surmonter », explique Marc. Et d’ajouter : « Comment pourrais-je par exemple mettre en œuvre mes idées de salon de coiffure, de moulins pour moudre les céréales produites dans cette localité, de cafétéria, et bien d’autres choses, sans électricité ? Je pense que c’est de telles questions pertinentes que les leaders devraient s’occuper. »

Un autre jeune abonde dans le même sens que Marc. Selon lui, la croix de Musigi pourrait faire venir des touristes, mais malheureusement sans routes praticables, ni électricité, sa commune semble être oubliée. « Cendajuru devrait avoir de l’électricité et de bonnes routes. J’espère que même si nos leaders du passée ne l’ont pas fait, ceux de 2020 vont y songer ».

La commune Cendajuru est une commune de la province Cankuzo, au nord-est du Burundi. Elle est située à l’Est de la Province avec une superficie estimée à 186,5 km2, soit 9,4 % de la province. Elle est délimitée au Nord-Est par la Commune Gisagara, au Nord par la commune Cankuzo, au sud et à l’ouest par la province Ruyigi et à l’Est par la République de la Tanzanie. Elle héberge la toute première croix des missionnaires au Burundi.

 

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