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Alliance Franco-Burundaise de Gitega, dix ans au service de la culture

Ce 21 mars 2020, l’AFG célébrait sa première décennie d’existence. Une période qui a donné un second souffle à la vie culturelle de Gitega et celle des jeunes de la capitale politique du pays.

« Maintenant j’ai compris que l’unité, le travail, le progrès, la liberté, l’égalité et la fraternité sont des valeurs si proches ». Ce jeu de mots avec les devises du Burundi et de la France est de Nyse Bénitha, une slameuse du collectif Empire slam de Gitega. Il illustre le trait d’union entre les cultures que représente l’Alliance Franco-Burundaise de Gitega. Une zone franche où l’humanité se côtoie sans se soucier des frontières, préjugés racistes, nationalistes et je ne sais quelles autres différenciations.

Ici, Senghor est voisin de rayon avec Baudelaire. On y voyage de la Russie par Dostoïevski ou Tolstoï (pas que) pour se retrouver téléporté dans l’Amérique des années folles par Fitzgerald en passant par une lecture joyeuse d’un roman d’initiation qui brosse les aventures d’une lycéenne du Lycée Sainte Thérèse de Mushasha, le baptême de feu en littérature de Huguette Nkurunziza. Le monde y est un petit village.

Adronis Nifasha est un jeune de Gitega que le directeur de l’Alliance aime bien appeler monsieur 002 puisqu’il a été le deuxième abonné. Il se rappelle de la difficulté qu’avaient les jeunes à étancher la soif de la connaissance et un espace d’échange pour les jeunes. « Il y avait un centre culturel pas assez dynamique au centre-ville. Pour trouver mieux, nous devions aller à Mushasha au Clac (Centre de lecture et d’animation culturelle) », raconte-t-il.

L’AFG, quand la jeunesse se découvre

Lors de son inauguration, Louis Jouvet qui était ambassadeur de France à l’époque de la mise en place de cette institution, l’a qualifié de « véritable renaissance ». Il disait vrai. Gitega, avec sa pléthore d’établissements scolaires est souvent qualifiée aussi de capitale pédagogique. Avec un manque d’un centre qui joue les catalyseurs dans la soif de recherche et de divertissements instructifs, ça a été effectivement une renaissance.

Des activités d’encadrement ont vu le jour. Même celles qui étaient perçues comme des privilèges des seuls Bujumburois. Pour la première fois, « Oasis du centre », une gazette  entièrement rédigée par des élèves des écoles secondaires de Gitega a vu le jour. « Une expérience extraordinaire », se rappelle Jean-Marie Bigirimana, ancien du Lycée Gitega qui tenait la rubrique art. « Les réunions de rédaction étaient très cool. Des points de vues différents sur différents sujets à traiter, des blagues, des rencontres, bref un bel exercice de tolérance et du vivre ensemble », continue-t-il, nostalgique.

Ajoutez à cela les matchs du concours Génies en herbe qui a mis à la lumière du jour ce que la jeunesse de Gitega a comme culture générale, des concours d’écritures de nouvelles, des ateliers et tournées de théâtres pour ne citer que cela. « Une fierté pour la maison parce que de cette pépinière nous avons eu des jeunes qui ont remporté les titres nationaux dans l’émission radio vacances ou sacrés dans les concours de littérature comme le prix Michel Kayoya », se félicite Longin Ndayikengurukiye, directeur de l’AFG.

L’apport de l’AFG est reconnu par les parents et autorités scolaires. «  Les moments de vacances ne portent plus leurs doses de stress. Je ne me demande plus où mon fils pourrait bien être. Par les temps qui courent tous les doutes sont permis, pas quand il est à l’alliance », témoigne le père d’un abonné. Même son de cloche chez un directeur d’établissement scolaire qui profite de Koombook (un kit de 45000 livres) qui permet aux élèves de découvrir les plaisirs de la lecture et améliorer leur expression écrite par les exercices ludiques qu’il contient.

 

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