LE JOURNAL.AFRICA
SOCIETE

Le « casinovirus » à Bujumbura !

Hier c’étaient les maisons de pari de matchs, aujourd’hui ce sont les mini casinos venus de l’empire du milieu qui ont envahi Bujumbura.

Il est 7h44 minutes.  Je sors de chez moi. Le beau soleil matinal est là, quelques élèves retardataires traînent encore dans les rues de Kamenge. Juste après trois minutes de trajet, je rencontre le premier casino mais qui est encore fermé. Je continue ma route. A 7h59min, je rencontre un autre casino. 

Directement, je fonce vers la petite maison qui abrite le gros jouet multicolore qu’est le casino. Personne ne semble prêter attention à moi. Ils croient peut être que je suis un initié. Curieux, j’appelle le gérant pour lui demander les règles du jeu. Et comme si j’étais censé connaître, le gars est étonné et me demande : « Tu ne connais pas ? ». Il m’invite alors à mettre une pièce dans la machine pour ne faire de la théorie et de la pratique qu’un. Mais, j’insiste d’abord qu’il m’explique. Par lui j’apprends que la pièce pour jouer s’achète à 200Fbu. 

Insatisfait par ses explications, je continue ma découverte. Ce que je découvre quelques minutes après m’ébahit. 13 personnes dont 2 femmes et un enfant entourent la machine à sous. Elle est presque invisible. De loin, c’est le bruit des pièces qui t’accueille. Une musique programmée dans la machine se fait entendre aussi. On se croirait dans un jeu vidéo. « Donne-moi une pièce que je te donne ces 200Fbu. », insiste Asumani* un des joueurs. « Donne-moi une pièce. J’accepte même de laisser tomber la cigarette », insiste-t-il encore. De plus en plus de demandes de pièces se font entendre. 

« Personne ne peut conserver l’argent avec cet engin »

« Kiyamire, nticama kiyatwara » (Je m’en fous que la machine me fasse perdre, c’est son habitude) dit Rémy* un autre joueur matinal qui apparemment joue sans aucun espoir de pouvoir gagner. Dans le groupe, tout le monde semble concentré. Après quelques hésitations, je vois Fred* assis seul à quelques mètres de nous. Après les modalités de salutation, on entre dans le sujet. « Personne ne peut conserver l’argent avec cet engin, me fait savoir Fred dans un éclat de rire. Quand on commence à y jouer, il n’est plus possible de s’en passer.  Il y en a tellement, même dans les bars et les restaurants on en trouve. »

Continuant à parcourir Kamenge, j’arrive à Mirango et j’entre chez un boutiquier gérant un casino pour lui demander comment il gagne. À ma grande surprise, Domitien* le boutiquier me révèle que l’appareil n’est pas le sien. Les propriétaires sont chinois et le paient par mois ou tous les 10 jours peu importe les bénéfices ou les pertes. 

Un commerce qui ne profite pas à tout le monde

Enfin, on rencontre Manassé*, la vingtaine, qui gère un casino dans un resto bar tout près de la gare du nord. Il semble plus ouvert au dialogue. « Personne ne peut gagner en défaveur de ce truc. Si aujourd’hui tu lui piques 10.000 ou 50.000Fbu, attends-toi à donner 150.000Fbu. Moi, j’ai vu tellement d’hommes riches qui y jouaient mais qui n’y jouent plus. Si tu parviens à lui piquer 20.000 Fbu, vaut mieux aller quelque part et rester tranquille pendant au moins 3 semaines sans jouer. Si tu gagnes 2 fois de suite, même l’argent qui sera sur ton compte, tu le retireras. ».

Les propriétaires chinois de ces casinos se partagent les localités. Manassé nous fait savoir que son patron chinois est propriétaire de tous les casinos de la 1ère à la 14ème avenue des quartiers situés aux environs du pavé kurya Buyengero. Ces casinos sont interconnectés avec leurs téléphones pour suivre de près leur business. « J’ai eu à gagner pour mon patron plus d’un million et il ne me donna que quatre vingt dix mille et quelques ! », se lamente Manassé.

Sur la machine, il est bien souligné que ce jeu est interdit aux moins de 18ans. Manassé nous confirme qu’il n’accepte jamais les mineurs. « Ceux qui se permettent d’accueillir les moins de 18 ans sont hors-la loi. Ceux là qui gèrent ces casinos sur les routes tuent les enfants. Il y a un enfant qui a demandé 1000Fbu devant mes yeux et qui est venu me demander un jeton pour jouer mais j’ai refusé ».

 

Articles similaires

Le ministère des droits de la personne humaine veut raffermir sa communication

RTNB BURUNDI

HCR honore les engagements de Gitega pour changer positivement la vie des réfugiés

LE JOURNAL.AFRICA

Durant le confinement, «on a vu une montée de toutes les violences faites aux femmes et aux filles»

RFI AFRIQUE
Verified by MonsterInsights