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« Isanganiro Award 8 » : des voix se levèrent et firent un plaidoyer pour les artistes

En plus de très bonnes activités organisées pour agrémenter ce grand concours de la chanson et la joie qui caractérisait les spectateurs à l’annonce de l’heureuse gagnante, un discours aura marqué cette soirée inoubliable. Il s’agit du discours plein d’émotion d’Excellent Nimubona, initiateur d’Isanganiro Award, un appel lancé à l’ endroit des autorités.

Tout commence avec les confessions de la chanteuse Irumva Bernice a.k.a. Bernice The Bell, heureuse gagnante de la précédente édition. En pleine performance, pendant que les spectateurs attendaient sa fameuse chanson « Iwacu », elle s’arrête pour remercier tous ceux qui ont contribué à la production de son album. 

Pleine d’émotions, elle livre son témoignage : « Un grand merci particulièrement à Masterland qui a accepté de produire ma toute première chanson alors que je n’avais aucun sou sur moi ».

Les premiers pas, peu rassurants

En réalité, Bernice The Bell, fraîchement sortie de l’Université du Burundi (Faculté de FABI), ne peut pas tenir à Rwingoma, sa colline natale de la commune Buhiga en province Karusi, avec le feu de son talent qui brûle en elle. 

« Mon père a constaté que j’avais du mal à y rester et il m’a donné juste un ticket aller, ce qui m’a aidée à descendre sur Bujumbura, chez ma tante. Je n’avais qu’un objectif : faire de la musique. Avec rien dans ma poche. Heureusement que Masta m’a écouté et m’a compris. Il produira ma chanson « Iwacu » qui séduira les jurys du concours de la chanson de la diaspora burundaise et du festival Inganji première édition en août 2018. C’est comme cela que j’ai pu le payer », confesse-t-elle.

Amakuba y’umuririmvyi (le calvaire d’un artiste ndlr) comme dirait un compatissant. Toute la salle s’étonne. Pourtant, c’est la triste réalité que vivent les artistes burundais, surtout les chanteurs tradi-modernes.  

…des cœurs sensibles

20h00, la deuxième partie de la journée commence. Les membres du jury sont dans leur isoloir. Les spectateurs ne veulent pas écouter les discours, qui pourtant sont riches. Impatients de connaître le gagnant, ils scandent les titres de leurs chansons préférées en compétition. Deux noms reviennent souvent : « Ijambo » de la jeune Banga et « Vovota » de MB Data. 

Tout à coup, sur invitation de Christian Nsavye, Excellent Nimubona, aujourd’hui directeur de la RFM monte sur le plateau. Avec un discours, dit-il, à l’ endroit du ministre en charge de la Culture, qui, malheureusement n’était pas présent dans cet évènement. Il a d’abord apprécié l’acte du président de la République de primer des chanteurs quand il s’agit de remercier les grands travailleurs du pays et invite toute autorité et décideur à emboîter le pas à cette haute personnalité. « Umwera uva i Bukuru ugakwira igihugu cose, que ce bon acte soit une culture pour tout décideur », insiste-t-il. 

Après avoir fait le tour de bienfaits des artistes, et des exemples des artistes qui ont pu apaiser les cœurs de la population quand les discours politiques avaient échoué, il fait aussi une nuance : « Le gouvernement doit comprendre une chose : les artistes ne sont pas des quémandeurs, ce sont des partenaires ».

Pour ce musicien et ancien animateur culturel, « l’art est une autre source de revenus, un domaine pour faire sa vie. Que les autorités burundaises fassent tout pour donner de la valeur à cette richesse pouvant aider à éduquer nos enfants, et pourquoi pas, diminuer le chômage et augmenter les recettes du pays ». 

Un spectateur dans la salle profitera pour glisser un mot : « Les artistes, eux aussi, doivent soigner les messages qu’ils mettent dans leurs chansons ».

En attendant que cette requête soit exhaussée, félicitons Eden Banga, l’heureuse gagnante de ce concours de la chanson avec son morceau « Ijambo» . Elle est humble, jeune et talentueuse !

 

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