LE JOURNAL.AFRICA

#Turashoboye : « Ego, une femme peut aussi défendre son pays ! »

Longtemps boycottés par la gent féminine suite aux préjugés et contraintes culturelles, certaines femmes ont pris le courage d’intégrer la police et l’armée. Quel a été leur apport ? Où en est-on avec leurs intégrations dans ces milieux ? 

OPC 2 Poyongo Clotilde est une mère de famille et officier de police depuis 2004. Toute souriante, elle confie que son travail ne diffère en rien à d’autres. Quant aux sacrifices qu’elle est obligée de faire en tant qu’officier de la police, elle confie que ça vaut la peine de se sacrifier pour une noble cause. « Mon rêve s’est accompli ».

Ayant grandi dans une nation déchirée par les conflits, Madame Poyongo voyait que les femmes et les enfants avaient peur des policiers et n’osaient pas rapporter les violences qu’ils subissaient au quotidien. « Mon souhait depuis toute petite était de venir en aide à ces femmes et enfants, de les écouter et de les accompagner », confie-t-elle.

Première femme Officier de Police Judiciaire-OPJ à avoir travaillé à la BCR (Bureau du commissariat de recherche) en 2005, elle est apparue dans ce domaine comme le messie pour les femmes qui subissaient des injustices dues à la solidarité masculine.  « Quand je suis arrivée, des femmes refusaient d’être auditionnées par les hommes. J’avais des files des femmes devant mon bureau ».

Cette ex-OPJ raconte qu’il y avait des femmes qui ne voulaient plus se confier aux hommes vu que leurs détracteurs étaient des hommes. D’autres avaient peur de se confier aux hommes, jugeant leurs plaintes trop taboues pour les dévoiler aux hommes. 

Une intégration… insignifiante

C’est en 1993 que la première femme fait son entrée dans l’armée burundaise. Avec 2004 (création de la Police Nationale du Burundi), les premières femmes intègrent la police. Elles représentent moins de 2% du corps de la police. 

Malgré les efforts de l’intégration du genre au sein de la police, Madame Poyongo, en charge de l’unité de la promotion du genre au sein du ministère de la Sécurité publique déplore l’absence des infrastructures habilitées pour accueillir en grand nombre des candidats féminins. « La police nationale recrute suivant l’effectif des filles qu’elle peut accueillir. Or, jusque-là, on a qu’un seul centre d’information qui peut accueillir les nouvelles recrues femmes dans tout le pays. »

Quant à l’armée burundaise, en 2019, elle comptait plus de 200 femmes militaires dont 83 officiers, 117 sous-officiers et 35 militaires de rangs. Une représentation à moins de 1%.  Alors que la police enregistre aujourd’hui un pourcentage de 8 %. 

Un long chemin à faire

Les femmes qui travaillent dans ces secteurs reconnaissent qu’il y a encore un long chemin mais toutefois se félicitent de ce pas déjà franchi. Elles admettent qu’il y a des exigences particulières mais rejettent l’hypothèse que la femme ne fera pas un bon soldat ou un bon policier. « Les femmes qui sont dans l’armée et la police occupent leurs places par mérite et elles le font très bien ».

Le métier des armes a toujours été l’apanage des hommes. Au moment où la femme s’est résolue à apporter sa contribution à l’édification de la société, cette dernière devrait la soutenir et l’encourager pour bâtir un monde meilleur.

 

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