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#ThePoliticianWeWant : Buhinyuza, l’oubliée

C’est une tournée entre collègues qui nous mène à Buhinyuza. À peine passé le petit séminaire de Rusengo, une minuscule pancarte nous souhaite la bienvenue. Là, nous devons dévier, quitter la route goudronnée et prendre une petite route en mauvais état vers Buhinyuza. Bienvenue dans une commune presque à l’abandon.

Nous sommes accueillis par un paysage un peu différent des autres lieux du territoire du Burundi. Il n’est pas dominé par des champs et des maisons, mais plutôt par des prairies et collines avec trop peu de ménages, ce qui donne l’impression que c’est un endroit abandonné. 

L’aiguille de ma montre indique 9h. Le ciel est d’un bleu lumineux. À plus de 15 km de la déviation de la route goudronnée, un jeune homme nommé Louis marche à pas de tortue à cause de la fatigue. Nous nous arrêtons pour voir en quoi nous pouvons l’aider. « Vous allez où jeune homme ? » lui demande-t-on. Par coïncidence, il allait à Buhinyuza.  « Viens, il y a une place dans la voiture, frère », l’invitons-nous.   

Besoin d’un leader qui…

Louis est volontaire pour nous relater la vie à Buhinyuza. « Le chômage nous hante. Beaucoup de jeunes de ma génération ont été obligés de fuir et font le travail domestique dans les grandes villes comme Bujumbura, Ngozi et Gitega ». Bien que le sol de leur commune soit fertile, Louis déplore le mauvais état des routes qui les empêche de vendre leurs récoltes vers d’autres régions. 

Pour lui, Buhinyuza a besoin d’un dirigeant qui se soucie du développement de la population. « Nous avons besoin des leaders qui pourraient nous aider à désenclaver notre commune, et nous faire parvenir l’électricité. Un dirigeant qui nous aiderait à l’unification de toute la communauté. Et ainsi nous pourrons parler du développement. »

Arrivés au chef-lieu de la commune, nous nous dirigeons dans un bar pour nous désaltérer et discuter avec la population. Nous y rencontrons un jeune homme en jeans, assis seul devant un comptoir en bois. C’est Benoît, un commerçant du coin. Pour lui, il nous faut absolument un changement. « Nous avons besoin des dirigeants qui ouvriraient nos horizons dans le monde des affaires. Des dirigeants qui pourraient plaider pour nous pour qu’il y ait un traçage des routes au sein de notre commune. Des leaders qui pourront montrer au peuple, aux électeurs, qu’ils peuvent relever l’économie de la commune, tout en les rassurant qu’ils ne feront pas de dépenses farfelues comme ceux qui organisent « des fêtes inutiles » qui coûtent des millions aux contribuables !  »

À la question de savoir comment feront ces dirigeants pour y arriver, Luc répond : « Il suffit que nos leaders politiques économisent convenablement les frais que le gouvernement attribue au fonctionnement des communes en créant des emplois à la jeunesse. Ainsi, le chômage et la pauvreté seront éradiqués ». 

Tels furent des passages communs dans toutes les phrases que prononçaient les adultes et les jeunes de Buhinyuza, heureux d’être écoutés et consultés pour une fois. Aux environs de 16h, nous nous sommes dit au revoir, direction Cankuzo.

Buhinyuza est une des communes de la province Muyinga. En 2010, sa population était estimée à 65 783 individus. 

 

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