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#ThePoliticianWeWant : comment Rohero voit le « politicien idéal » ?

Le centre-ville de Bujumbura, la cathédrale Regina Mundi, le Mausolée, la Place de l’Indépendance, le stade Intwari, le Jardin public… Tous ces lieux font de Rohero, un des plus anciens quartiers de la ville de Bujumbura avec 36.5 km2, un quartier atypique. La rencontre avec sa jeunesse, nous en dira plus sur quel genre de dirigeant est attendu par cette dernière.

« J’ai tous mes souvenirs d’enfance ici. L’imposante bâtisse du stade me renvoie aux souvenirs des matchs que j’allais regarder en compagnie de mon père. Je passais aussi souvent à côté à vélo ; ces murs en pierre et son immense portail défilaient devant mes yeux alors que j’allais dans le Jardin public pour quelques tours de piste et de balançoire. Je regrette de ne pas avoir pu assister au match des Intamba récemment. Je suis sûr qu’après le match, le monde qui était au rendez-vous a battu à pied le pavé devant notre maison comme ils ont l’habitude de le faire pour se rendre en ville  après le match, comme au bon vieux temps. »  

Mike a vécu toute sa vie à Rohero. Il y est né et grandi. La vingtaine bien entamée et sur le point de terminer ses études universitaires, quand il pense au politicien qu’il veut, les idées ne manquent pas. « Un politicien qui évite de trop « politiser » les jeunes mais qui insiste sur l’éducation. Miser sur l’éducation, c’est miser sur le cheval gagnant. La bonne formation des enseignants et la valorisation de leur travail, des infrastructures et du matériel suffisants sont ce dont nous avons besoin », explique-t-il.

Mais un politicien idéal revient également à penser à l’opposant idéal. Une bonne opposition serait là pour apporter des critiques constructives. L’opposition doit aller au-delà de quelconques divisions qui peuvent nous séparer pour « éviter de critiquer juste pour critiquer mais soulever les points qui ont besoin d’être améliorés. »

Un politicien visionnaire

Laurent quant à lui, résidant du quartier asiatique, le politicien qu’il veut répond à trois critères principaux. Premièrement, il doit être visionnaire et assurer une perspective d’avenir pour la jeunesse. « Nous avons besoin de quelqu’un qui est tourné vers le futur, qui va au-delà de notre passé et des divisions qui ont pu faire rage entre nous, quelqu’un qui apporte des solutions pour l’avenir et une vision à long terme. »

Deuxièmement, « je veux un politicien qui fasse une reforme complète de l’éducation, cette fois-ci, en y incluant tous les acteurs de l’éducation. » Les différents changements dans le système éducatif burundais le peinent et lui donnent l’impression d’expérimentations et de tâtonnements sur notre jeunesse à l’exemple de changement dans l’apprentissage des langues en primaire ou bien encore la jeunesse qui ne passe pas le concours écarté du cursus scolaire sans autre perspective. Une reforme réfléchie et radicale est ce dont nous avons besoin.

Troisièmement, il importe de relancer l’économie en investissant dans les ressources ou en cherchant des investisseurs étrangers mais avec toujours comme mot d’ordre la priorité pour les Burundais. « Il y a moyen d’investir dans notre agriculture, développer le tourisme, l’industrie mais il faut cette vision déjà évoquée et une forte volonté. Ce qui est sûr les ressources sont déjà là et la principale est la jeunesse burundaise. Enfin, personnellement, au niveau de mon quartier, il manque trois petites choses : un marché, un centre de santé et un terrain de jeux. Ce serait bien de penser à construire ça. »

Vous avez dit dictateur ?

D’après Lévi, la trentaine, résidant à Rohero II, pour améliorer l’éducation universitaire, il faudrait créer des centres de formation professionnels où les jeunes reçoivent un apprentissage pratique et qui leur permettent d’entrer dans le monde du travail facilement. « On a besoin d’un dictateur ! », lâche-t-il. « Le Burundi a besoin de quelqu’un qu’on appréciera non pas pour ce qu’il est mais pour ce qu’il fait. Le politicien idéal est celui qui relèvera l’économie. »

Christa, jeune fonctionnaire habitant Mutanga sud, rejoint son idée qu’il y a une nécessité d’améliorer l’économie. « Un politicien doit savoir bien s’entourer. Il doit avoir les meilleurs conseillers, surtout en matière d’économie. »

« Le politicien idéal est celui qui accordera la parole à la population », confie Jacques, jeune étudiant faisant ses pas en première année d’université. L’idéal pour lui est celui qui permettra d’étudier dans de bonnes conditions. « Est-ce que les étudiants ont accès aux ordinateurs, à la technologie ? Dans quelles conditions vivent-ils ? Mangent-ils à leur faim ? » : voilà des questions que le politicien idéal devrait se poser. 

Savez l’origine de l’expression « Abana bo mu giti » ( littéralement, enfant des arbres) ? 

Aujourd’hui utilisée pour qualifier les enfants issus de familles aisées, elle trouverait son origine dans le quartier Kabondo, un des plus huppés de Bujumbura. À une certaine époque, il y avait beaucoup de manguiers et les fruits pourrissaient même sur les arbres, signe ultime d’opulence. L’expression était née.

 

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