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POLITIQUE

Débat : à la découverte des modes d’administration du Burundi sous la colonisation

Sous la domination des Allemands dans un premier temps, le Burundi sera dans un second temps administré par le royaume de la Belgique. Si les premiers ont appliqué un mode d’administration indirect, les seconds eux préféreront le « direct rule », ce qui ne sera pas sans conséquences. 

À la suite de la Première Guerre Mondiale qui consacrera la défaite de l’Allemagne, le Rwanda et le Burundi se trouvent attribués à la Belgique. Vous l’aurez compris, c’est de la colonisation que l’on parle. 

Et pour Diomède Nahishakiye, chercheur à l’Institut de Recherche Scientifique pour le Développement,  IRSD en sigle, avant même l’avènement des colonisateurs, il y a eu d’abord des explorateurs, des missionnaires venus pour « évangélisation ». C’est donc dans ce prolongement que viendront les colonisateurs, les Belges après les Allemands, chacun avec son mode d’administration : l’ « indirect et le direct rule ». 

Mais quelle différence ?

Des Allemands qui ont été remplacés par des Belges, Alida Gratienne Iteriteka, elle aussi de l’IRSD, ne le conteste pas. Mais, tient-elle à le souligner, les premiers administraient par voie indirecte, une sorte de collaboration avec le pouvoir royal ou avec les autorités locales,  les Belges eux ont pratiqué le « direct rule ». Une administration sans concertation avec les autorités locales.

Des propos corroborés par Aloys Ndakoraniwe, journaliste indépendant. Les Allemands qui avaient signé avec Mwezi le traité deKiganda appliqueront l’  «indirect rule » gouvernant par  l’intermédiaire des autorités locales. Mais comme pour faire fi du traité de Kiganda, explique-t-il, les Belges préféreront gouverner directement, sans passer par les autorités locales. C’est ainsi qu’ils supprimeront différents postes, assène-t-il,  comme les Banyamabanga, ce qui aura comme conséquence l’affaiblissement de la royauté, entre autres. 

Justement, ils ont raison Alida et Aloys. Car comme on peut le lire dans Le Burundi sous administration belge, l’administration indirecte instaurée d’abord par les Allemands en 1905 dans le Tanganyika, au Burundi et au Rwanda, par le Gouverneur Von Götzen consistait à laisser au souverain et aux institutions locales le pouvoir dans les affaires coutumières. Le système était tel que le roi devait sentir que son salut était conditionné par la présence allemande. Par ce système, les institutions locales étaient maintenues et respectées.  

À leur arrivée au Burundi en 1917, les autorités coloniales belges ont préféré garder momentanément le système de l’administration indirecte avant de   pouvoir instaurer l’administration directe qui avait, pour ainsi dire, une base doctrinale contraire à la précédente. C’est-à-dire une administration qui ne passait pas par l’intermédiaire des autorités locales.

Et ce ne sera pas sans conséquences

Une mise au point d’abord. Cet indirect rule des Allemands et des Belges dans un premier temps, n’était pas motivé par une volonté de collaboration, selon Elias Sentamba, politologue et enseignant d’université. Pour lui, en venant au Burundi, les Allemands et les Belges ont trouvé un royaume fortement hiérarchisé, des  institutions solides avec des pratiques qui tissaient les liens entre les Burundais. C’était donc difficile pour eux de gouverner directement en ignorant les autorités locales. Pour eux, avant de passer à la vitesse supérieure, il fallait d’abord saper ce mode d’organisation. Et c’est là que le direct rule entre en jeu.  

C’est donc ces fondements mêmes qui seront victimes de ce direct rule et d’une réorganisation administrative initiée par la tutelle belge en 1925. Une réorganisation aux multiples effets. Ainsi, comme le  fait remarquer Sentamba, le pouvoir du roi se retrouve contesté et limité. Le pays de Mwambutsa se voit privé de ses domaines royaux. De même, les Banyamabanga, piliers de la monarchie sacrée sont relégués à la seconde zone. C’est aussi la diminution, le mépris et la destitution des chefs et des sous-chefs, etc.

Pire encore, conclut le politologue,  c’est la suppression de ce qu’il compare à la retraite gouvernementale d’aujourd’hui : l’institution politico-religieuse, l’umuganuro, ce rituel du sorgho. On y reviendra.

 

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