LE JOURNAL.AFRICA

#ThePoliticianWeWant : Mabanda et les affaires, un couple bien assorti

À l’extrême-sud du Burundi, Mabanda est cette commune de Makamba directement adossée à la Tanzanie. Et qui dit frontière, dit business…

Pour aller vers la commune Mabanda, j’ai le choix entre la Route nationale 7 et la Route nationale 3. La RN7 a le mérite d’être plus ou moins en bon état, mais elle est vraiment longue. Très longue même. Voici pourquoi j’ai opté pour la RN3 qui est en piteux état, mais qui me fera gagner quelques 21km. Amoureux des voyages nocturnes, je quitte Bujumbura vers 16h. Ce n’est que vers 19h que j’arriverai à Rumonge, ce qui calmera mes ardeurs de continuer la route. Je passe la nuit à Rumonge, une chance de profiter du Mukeke quoi.

Le lendemain, je reprends la route dans la matinée. De Rumonge à Nyanza -Lac, la route n’est pas très bonne, mais, comme on dit, « ubusa busumba akamaramaza ». À partir de Nyanza, la route est nickel. Je me permets de rouler à 120km/h (Je sais que c’est irresponsable mais… les chauffeurs comprendront). Bien sûr en commençant à arpenter Rukonwe, je dois diminuer la vitesse si je ne veux pas sauter dans le vide. Le virage en Z impressionne toujours beaucoup de monde. Du haut de la Rukonwe, on peut admirer la vue en bas vers Muyange. En continuant plus loin, je tombe sur des marchands de petites bananes. Et à combien, ndabapfinze ! Mille balles tout  un régime. 1000fbu!!! De quoi être tenté de quitter la ville et s’installer dans ces coins !

Le business et… le business 

Une fois arrivé à Mabanda, le mouvement qui y règne te fera penser que tu es au chef-lieu de la province. Les gros camions allant vers ou venant de la Tanzanie, des gens qui parlent kirundi, giha et le swahili en même temps, des bruits de tout genre, un brouhaha d’enfer. La raison de tout ça ? Mabanda se trouve à la frontière entre le Burundi et la Tanzanie. Et pour traverser, ça ne demande pas forcément de passeport et visa. Un petit bout de papier dit « Ujilani mwema » ou « Bon voisinage » t’épargnera pas mal de tracasserie. 

On pourrait dire que Mabanda est la ville qui ne dort jamais. Un jour de 2016, je devais quitter Mabanda pour Buja parce que j’avais boulot le lendemain, mais l’ambiance m’en a dissuadé. Ainsi, je me réveillerai le lendemain pour prendre le bus Buragane de 3h du matin qui part vers Bujumbura. Une fois sorti de la maison, ma surprise fut grande de voir une centaine de personnes sur la nouvelle route dit « ku rya mugina ». En m’approchant pour voir la raison de cet attroupement, c’est avec le sourire que je découvrirai que là-bas, on peut se réveiller vraiment très tôt pour… goûter une bière. Et quand on parle de goûter, c’est goûter goulûment. Imaginez l’état d’un dégustateur qui commence à 3h du matin jusqu’à 8h et revenir acheter une bière conventionnelle à 17h…(#IbibazoNtitubihuje). Et comme le business coule dans les veines des « Mabandais », certains viennent avec des braises, des bananes et de la viande, pour improviser un snack-bar au bord de la route. (Pour les plus branchés, arrêtez de penser que c’est vous qui avez commencé le parte after parte). 

Les jeunes de Mabanda pensent que…

« Les querelles politiques entre jeunes qui se font entendre ici et là dans le pays, ne sont que pure manipulation. Ce qui d’ailleurs n’existe pas dans cette commune. Qu’ils soient de l’opposition ou du parti au pouvoir, on s’attelle sur ce qui peut nous développer comme l’agriculture, l’élevage et le commerce », me disait Steve, jeune élève au collège communal de Mabanda. Ce qui est une très bonne chose d’ailleurs. 

Pour Samson, commerçant de Mabanda le dirigeant idéal serait celui qui saurait créer de l’emploi pour les jeunes. « Plusieurs jeunes de cette commune ne rêvent que d’aller en Zambie chercher du travail. À la base, ce n’est pas si mauvais que ça, car ils reviennent construire ici. Mais je me demande pourquoi on ne pourrait pas créer cet environnement de travail qu’ils vont chercher en Zambie et garder ces forces vives et ces cerveaux qui continuent à fuir. »

Anastasie, la trentaine, cultivatrice et commerçante pense que le dirigeant idéal serait celui qui concentrerait  des efforts considérables dans l’agriculture car c’est cela qui fait battre le cœur du pays. Elle pense aussi que si les taxes n’étaient pas si élevés, les importations en provenance de la Tanzanie doubleraient ou tripleraient, ce qui ferait que les prix de certaines denrées baissent considérablement.

Et comme le disaient nos ancêtres, « Burakeye tuvyereke abagabo ». Les élections approchent, votons ces projets de société, et que le meilleur gagne. 

La commune Mabanda est l’une des six communes qui composent la province de Makamba. De Bujumbura, la distance varie entre 201 km en passant par Ijenda et 180 km en passant par Rumonge.

 

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