À sept mois de l’année budgétaire 2019/2020, le ministère des Finances n’a pas encore publié aucun rapport trimestriel. Une question se pose : « Comment l’argentier de l’Etat peut passer deux trimestres sans produire un seul rapport d’exécution budgétaire trimestriel ? »
C’est récurrent. Depuis 2016, les rapports trimestriels ne sont plus publiés sur Internet, ni transmis au Parlement. Cela montre que le Burundi met à la disposition du public très peu d’informations budgétaires.
D’après la loi des Finances publiques, après trois mois, le ministre des Finances produit le rapport d’exécution budgétaire, le rend public et doit le défendre au Parlement. Ledit rapport permet la transparence, la participation des citoyens et le contrôle par le Parlement.
D’après l’enquête biennale réalisée en 2017 par International Budget Partnership, le rapport trimestriel est l’un des huit indicateurs qui mesure la transparence budgétaire du gouvernement. Ce document doit être mis en ligne au moment opportun.
Pour le moment, les deux chambres du Parlement n’ont exercé qu’un contrôle limité et faible. Car, elles ne savent pas si les ministères n’ont pas dépassé les budgets votés. En outre, les commissions parlementaires en charge du budget publient en ligne leurs rapports sur le projet de budget de l’Exécutif. Ce qui permettra aux citoyens de savoir l’avis de ses représentants sur la gestion du budget en cours.
Les rapports d’exécution budgétaire en cours d’année permettent aux partenaires tant bilatéraux que multilatéraux de suivre de près la gestion du budget. Ainsi, les questions pertinentes sur la gestion du budget refont surface.
C’est indéniable. En absence de rapport d’exécution du budget, les bailleurs et les organisations de la société civile ne peuvent pas participer à la gestion du budget en exercice. Ils s’appuient sur les informations de ce rapport pour proposer des recommandations visant à améliorer les programmes budgétaires du gouvernement.
Le Burundi dans le peloton de queue
Bientôt, International Budget Partnership va publier le résultat de son enquête sur le budget ouvert 2019. Quelle note aura notre pays ? Pas bonne. Les faits ne rassurent pas. Sur le site du ministère des Finances, aucun rapport en cours n’est publié.
En 2017, le Burundi est classé parmi les derniers pays au monde en matière de transparence budgétaire. En effet, il fait partie des pays fournissant une information minimale. Le Burundi occupe la 87ème place sur 105 pays, avec un score de 7 points sur 100. Le score est largement inférieur au score moyen global qui est de 42.
Dans la sous- région, il se classe loin derrière l’Ouganda, Kenya, Rwanda et Tanzanie ayant des scores respectifs de 60, 46, 22 et 10 sur 100. Il est suivi par le Soudan du Sud avec un score de 5 sur 100. Signalons que le Burundi a participé dans ce rapport pour la première fois.
Afin d’améliorer son résultat par rapport à Open Budget Index, le Burundi doit fournir plus d’effort notamment en ce qui concerne la publication du rapport préalable au budget, un projet de budget de l’exécutif, des rapports en cours d’année et un budget des citoyens en ligne.
Pour renforcer l’indépendance de la Cour des comptes, son président doit être nommé par le Parlement. Il ne pourra ainsi être démis de ses fonctions qu’avec l’approbation du Parlement.
En plus, le gouvernement devrait aussi doter ladite Cour des ressources suffisantes pour remplir son mandat, et faire évaluer ses rapports d’audit sur le budget par une agence indépendante.