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#ThePoliticianWeWant : Nyabikere, du nickel et un parc qui ne profitent à personne

Connue pour son sous-sol riche en nickel, et abritant une partie du parc de la Ruvubu, Nyabikere est une commune de la province Karusi qui aimerait avoir des dirigeants qui misent son développement communal sur le tourisme et ce métal blanc argenté : le nickel.

C’est une promenade entre amis. À l’origine de l’aventure, un étudiant du département d’histoire refuse de clore son baccalauréat sans visiter au moins un site touristique. Après discussion, les amis optent pour le parc de la Ruvubu, côté Nyabikere. Nous voici donc sur la RN12. Après une vingtaine de kilomètres séparant Gitega de la commune Shombo, nous bifurquons à gauche. De la vitre à moitié ouverte, mon regard se perd à travers les jolies montagnes qui surplombent Nyabikere. Un ami à côté entonne même la chanson de Steven Sogo : « Il est beau mon pays Burundi, il est beau ! ».

Après une trentaine de minutes depuis la bifurcation, le centre de Nyabikere apparaît devant nos yeux. Un grand et géant arbre « ikivumu », près du bureau communal, attire mon regard immédiatement. « L’endroit s’appelle k’umutsindo wa Runyota », nous explique un monsieur âgé assis à côté. Selon lui, l’arbre a été planté par Runyota, le grand devin du roi Mwezi Gisabo. De loin, un petit ruisseau sépare le bureau communal de la paroisse Nyabikere. Le ruisseau porte le nom de « Akanyabikere ». Selon le Mutama, « ce ruisseau contenait autrefois beaucoup de crapauds, et lorsque Runyota visitait l’endroit, l’endroit portait le nom de Zanandore. À son retour à Mugera où vivait le roi, Runyota au lieu de dire qu’il vient de Zanandore, expliqua qu’il vient de Nyabikere, à cause de ces crapauds ». Et voilà comment la commune aurait pris cette appellation.

Le parc, un joyau oublié

Sans perdre de vue notre objectif, nous reprenons la route vers la zone Gatonde. « Si vous voulez aller voir le parc, passez par cette déviation à gauche jusqu’à Karingara », nous oriente un petit garçon qui garde les moutons. Pour y arriver, on se faufile à travers les hautes herbes qui ont conquis cette petite route glissante et boueuse. Une savane agréable et des roches schisteuses caressent nos yeux. 

Un homme, Audace, assure la sécurité du lieu. « Je suis très malheureux, trois mois viennent de s’écrouler sans être payés alors que je me sacrifie pour protéger ce lieu public des feux de brousse », lâche Audace, 28 ans, dès notre première discussion. Pour s’en sortir, il nous révèle qu’il fait de temps en temps du taxi-moto. « Il n’y a plus de touristes puisque rien n’a été fait pour aménager le parc et le rendre attractif », confie Audace, avant d’expliquer que ce parc est un joyau qu’un dirigeant visionnaire pourrait faire profiter à toute la population de Nyabikere. « Mis en valeur, ce parc est pourvoyeur d’emplois, ce qui réduirait le chômage criant des jeunes de Nyabikere ».

Le Nickel, l’espoir de la commune

Sur le chemin retour, un détour à Nyarunazi. Une route en carrière bien aménagée y mène. On y fait les études d’extractions du Nickel. N’ayant pas la permission de visiter le site, on décide de se rafraîchir dans un petit bistrot du coin. Kamana est serveur. Il se dit dépité de vivre une pauvreté sans égale, alors que ces pieds foulent un sol garni de Nickel. « Ayant abandonné l’école par manque de minerval, je m’attendais à la création d’emplois et à tout ce qu’il y a comme développement grâce à cette exploitation de Nickel, mais rien ne s’est produit ».

Lui, comme d’autres jeunes de la commune, avaient placé beaucoup d’espoir dans ce minerais. « Nous espérions voir la construction des écoles, des hôpitaux, l’absorption du chômage, le développement du tourisme,… mais rien du tout », confie très déçue Marianne, 25 ans. Pour elle, il faut un dirigeant qui chantera moins le Nickel et qui fera tout pour relever ce qui manque pour l’exploitation de ce trésor et qui fera profiter à chaque citoyen burundais une part du gâteau. 

La commune Nyabikere est l’un des sept communes de la province Karusi. Avec une densité de 251,1 habitant/Km², Nyabike recouvre une superficie de 195 km², avec une population d’environ 48 993 habitants. Elle est située dans la région naturelle du Buyogoma. Les études sur le site de Waga-Nyabikere révèlent qu’il contient des réserves estimées à 1088 millions de tonnes métriques de nickel, 25,2 millions de tonnes métriques de Fer, 30 000 tonnes métriques de Cobalt et 17800 tonnes métriques de cuivre. La commune est traversée par le parc de la Ruvubu, et la majeure partie de la population vit de l’agriculture.

 

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