Le Burundi importe de la Chine près de 13,8% et exporte 2,3% avec 97% d’exonération (en 2014) des droits de douane pour les produits exportés. Malheureusement, avec l’urgence médicale que suscite ce virus, des conséquences sont à craindre pour notre pays. Analyse.
L’émergence du coronavirus en Chine suscite les craintes d’un ralentissement des échanges commerciaux entre nos deux pays. « J’étais sensé prendre mon vol vers la Chine pour chercher les marchandises. Mais à cause de la décision de l’ambassadeur de la Chine au Burundi, j’ai décidé d’attendre. Cela aura un impact négatif sur mon business, car mes stocks sont épuisés », témoigne Aster Ndayikeje, homme d’affaire et commerçant qui importe au pays de Mao Zedong.
Une situation presque semblable à celui de Zénon Niyonkuru. Il y a plus d’un mois, il était en Chine pour chercher les marchandises. Mais il est rentré les mains vides. Il affirme que plusieurs ports chinois sont fermés et l’expédition de marchandises est quasiment impossible.
Pour confirmation (et c’est un exemple), selon les autorités du port de Mombasa (porte d’entrée par laquelle le Burundi importe de la Chine), plusieurs cargos qui devraient fournir des marchandises en provenance de la Chine n’ont pas accosté au port au cours de janvier et février.
D’un autre côté, plusieurs compagnies aériennes ont suspendu leurs vols vers la Chine. Et les commerçants burundais qui importent de la Chine, voient leurs échanges limités. Une situation qui n’est pas prête de se résoudre, car le coronavirus continue de gagne du terrain, provoquant une psychose au niveau mondial.
Les experts, eux aussi, s’inquiètent…
Selon Pontien Ntimpirangeza, expert en économie, quand l’économie chinoise tousse, c’est toute l’économie mondiale qui risque de se gripper. L’impact économique du coronavirus va se faire ressentir à travers notre pays. La question est surtout de savoir combien de temps l’épidémie va durer. Pour le moment, il est encore trop tôt. Il existe encore des stocks dans le pays et les prix des produits chinois sur nos marchés sont encore stables sauf pour le cas des habits de seconde main qui commence à manquer. Mais, si les échanges commerciaux entre nos deux pays devaient encore longtemps rester paralysés par ce virus, l’économie burundaise s’en trouverait d’avantage menacé.
D’après Kelvin Ndihokubwayo, analyste économique au sein du CDEGL, il faut envisager des nouveaux partenaires, si non la pénurie et l’inflation sont garanties avec la persistance de la menace.
Mais on ne doit pas que craindre l’inflation. Pour les marchandises en provenance de la Chine, l’Office Burundais des Recettes collecte des frais de douanes, une somme qui risque de reculer si la situation ne se rétablit pas rapidement.
Malheureusement…
Selon Damas, commerçant burundais qui importe des marchandises de Chine, le marché chinois présente certains avantages par rapport aux autres marchés. Les produits chinois sont moins chers ce qui constitue un avantage concurrentiel. Il explique que les marchandises en provenance de la Chine sont plus abordables par rapport à celles importées d’autres pays. « Les marchandises importées de l’Ouganda payent doublement les frais de dédouanement. Comment alors voulez-vous qu’elles ne soient pas chères une fois arrivées au Burundi ? », s’exclame le commerçant.
De plus, la monnaie chinoise est stable par rapport au dollar américain et à la monnaie unique européenne. Son cours ne varie pas ce qui permet de protéger les pertes causées par la volatilité de la monnaie du pays fournisseur.
Alors si l’épidémie de Coronavirus ne parvient pas à être contenue, le Burundi pourrait en subir de lourdes conséquences. À mon avis, il faut croiser les doigts pour qu’on trouve le remède à ce virus. D’ailleurs imaginer environ 120 millions d’USD en jeu dans un pays comme le Burundi, c’est assez inquiétant.