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#ThePoliticianWeWant : Gitega, au-delà de la capitale

Avec de nouvelles infrastructures routières, la commune de Gitega se pare de ses plus beaux atours pour mériter le qualificatif de capitale politique du Burundi. La ville se développe, malgré des hauts et des bas, mais avec l’espoir d’un avenir meilleur… 

Avec des amis, nous nous sommes rendus pour un week-end à la capitale politique du Burundi, plus précisément dans la commune de Gitega : le trajet en voiture est de 2h. La branche locale de la BRARUDI nous accueille à l’entrée de la commune Gitega. Un peu plus loin sur la route qui mène vers le centre-ville, on retrouve le Musée national avec ses vestiges du temps de nos arrières grand-pères. Là on parle de leurs outils de travail, des lances de différentes sortes qui avaient chacune leur fonction, des habits en écorces y sont aussi exposés.

Après deux ans d’absence dans ma ville natale, je ne fais que remarquer les changements notamment le bitumage de plusieurs routes. Devenue la capitale politique du Burundi, elle se devait d’être à la hauteur en infrastructures routières pour accueillir toutes les institutions publiques qui y ont (ou vont) déménagées. 

Les jeunes de la capitale politique aux prises avec le chômage

Aujourd’hui, la circulation y est plus dense que les années antérieures. Plus de voitures, plus de taxis motos travaillent pour chercher de quoi arrondir les fins de mois. 

La première chose qui nous vient en tête est de chercher où nous allons loger tout au long du séjour. Le quartier Shatanya est le premier choix pour ses nombreux « Guest House ». Par chance, nous ne tardons pas à trouver une maison convenable pour tout le monde. Pacifique, le tenancier de l’auberge, nous accueille avec un sourire chaleureux. Plus tard dans la soirée, j’ai la chance de converser avec lui dans le salon de l’auberge. 

Du haut de ses 25 ans, sa vie n’a pas toujours été facile. Originaire de Karusi, orphelin de père et de mère, il a dû se débrouiller toute sa vie. À l’âge de 15 ans, il a atterrit à Gitega pour chercher du travail. Après trois mois à errer dans la ville, il a trouvé un boulot comme employé de maison chez un couple de jeunes mariés. Au fil du temps, il travaillera dans une dizaine de ménages jusqu’à son dernier employeur qui, grâce à son honnêteté et sa bienveillance dans son travail quotidien, va lui offrir la chance de gérer l’auberge. « Dans quel parti politique appartiens-tu ? », lui demande-je, avec curiosité. Il me répond qu’il n’appartient à aucun parti, « aucun politicien ne m’a  intéressé jusqu’à ce jour. J’aimerais qu’en 2020 et plus tard, il puisse y avoir des personnes capables de changer la donne et trouver des solutions durables face au chômage qui sévit dans la jeunesse burundaise » s’indigne-t-il. Un sourire sur les lèvres, il me fait remarquer qu’aujourd’hui même un docteur peut être au chômage alors que des malades, il y en a des milliers dans les hôpitaux partout dans le pays. 

La corruption, ce mal qui nous ronge

Le lendemain matin, un de mes amis doit se rendre à Makebuko pour y rencontrer une connaissance. Nous prenons un transport en commun. Chanceux, un jeune homme qui fait du transport de marchandises nous laisse monter dans sa voiture Probox contre une somme modeste. Nous profitons des 45 minutes de trajet, pour converser. Âgé de 28 ans, Claude travaille dans le transport de marchandises de Gitega vers Makebuko. L’abandon des études en 6ème année n’a pas été le plus dur pour lui, mais plutôt sa famille qui n’a pas dit mot pour l’en dissuader. « J’ai été choqué en voyant que mes parents se foutaient que j’abandonne mes études », raconte-t-il l’air perdu. Après une année sans rien faire à la maison, il a quitté le nid familial pour se rendre à Bujumbura. Après quelques années, il obtenu un permis de conduire qui sera considéré pour lui comme un diplôme. Il reviendra au bercail avec une promesse de travail de chauffeur. 

Aujourd’hui, la réhabilitation des routes de la commune Gitega facilite les activités quotidiennes de ce jeune routard. Faisant départ à la gare routière de Gitega, carrefour de la RN15, RN16 et la RN12, il nous fait part que tout roule dans la mesure du possible, à part les contrôles routiers qui sont nombreux sur cette route. 

Selon Claude, le plus grand défi dans son travail, ce sont tous ces contrôles qui lui pourrissent la vie quotidiennement. « La corruption est l’un des facteurs qui fait que notre pays ne pourra pas se développer de sitôt », fait remarquer le jeune homme, « même si tous les documents de la voiture sont en règle, cela n’empêche pas qu’ils trouvent de quoi te sanctionner ! Et comme nous ne voulons pas que notre travail s’arrête, nous sommes obligés de payer des petites sommes par-ci par-là » ajoute-il, indigné. 

En rentrant à Bujumbura, j’ai repensé à ce court séjour avec mes amis dans la commune de Gitega, et les rencontres que j’y ai faites. Mon impression a été que les jeunes de Gitega attendent beaucoup des dirigeants d’aujourd’hui et de demain. Ces derniers, avec la corruption et le chômage qui font que le pays n’avance pas dans plusieurs domaines, doivent trouver des solutions durables face à ces fléaux. Néanmoins,  tous ceux que j’ai rencontrés ont des ambitions malgré les difficultés quotidiennes auxquelles ils font face. 

La commune Gitega est l’une des 11 communes qui composent la province de Gitega. La population de Gitega  était estimée en 2012 à 150 151 habitants avec une densité de 476 hab/km2 selon la projection faite à partir de l’indice d’accroissement. Avec une superficie estimée à 315,44 km², la commune de Gitega est subdivisée en 4 zones à savoir Mungwa, Mubuga, Gitega rural et Gitega urbain.

 

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