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#ThePoliticianWeWant : Mugamba, il était une fois…

À 60 km de Bujumbura, la commune Mugamba est parmi les grandes communes du pays. Elle est située dans la province Bururi, au sud-ouest du Burundi. Mais sa grandeur en superficie n’est pas proportionnelle à sa grandeur en développement. Pourtant, beaucoup de ses natifs se sont succédé aux affaires du pays…

Mugamba, j’y ai vécu au moins deux ans et beaucoup de dignitaires que je voyais à la télé venaient le week-end chez eux à la campagne, à Donge-ruzi, Nyagasasa, Vyuya, etc. Le temps de l’illusion que ce coin du Burundi offrait des « leaders-nés ».

12 ans après, j’y suis retourné. Pour de vrai, un peu avant, au retour d’une mission de travail à Rutana, j’avais supplié mes amis pour qu’on fasse un détour rien que le temps de respirer l’air toujours frais de Mugamba dégageant l’odeur des sapins, plus précisément à Muramba au centre de la commune. Sans sortir de la voiture, la nostalgie de retrouver « ma commune » s’est installée : une rue étroite depuis l’entrée de la commune vers le terrain de basketball et dans son dos, l’Office du thé de Tora. Tout en bas, l’église anglicane avant le grand lycée Tora et enfin le chef-lieu de la commune. 

Plongé dans les souvenirs d’un enfant d’une dizaine d’année, les vitres ouvertes et les yeux à l’extérieur, j’avais l’impression de remonter dans le temps. Mes amis ne supportant plus la poussière que je laissais entrer dans la voiture, j’ai été obligé de remonter la vitre et nous avons continué sans nous arrêter. Je décidai alors de revenir un jour, m’arrêter et saluer proprement tout ce monde que j’avais reconnu au passage.

Visite à Tora

Le marché de Tora est ouvert les mercredis. C’est un long trajet pour y arriver. Actuellement, les vendeurs du thé cueilli doivent le transporter soit sur le dos soit sur un vélo jusqu’à la route principale au lieu des points de collecte dans les quartiers. C’est une nouvelle mesure.

Sur le chemin, presque tout le monde marche avec un bâton à la main. Au volant, ceci donne l’impression de rencontrer des vaches ou moutons au prochain tournant, mais rien. Un homme, dans la soixantaine, m’éclaire : « Les bâtons que tu vois (nous) servent d’appui quand nous sommes dans les montagnes. C’est pour aussi se défendre contre une éventuelle agression d’un animal et loin l’idée que tout le monde ici possède des troupeaux de vache. Mais si un jeune le porte, c’est pour impressionner. »

L’endroit est calme. Ce n’est pas en effet un jour de marché. Les gens de la localité ont l’air bien disposé à causer. Je réalise que c’est encore tôt et me demande pourquoi ce jeune homme, innocemment venu « contempler » la voiture, n’est pas à l’école : « J’ai abandonné l’école à cause de la pauvreté. J’ai commencé le commerce de charbon en 2013 avec un capital d’une valeur d’une chèvre que mon père m’avait donné ». Donatien, 19 ans, me parle aisément, essuyant la farine restée sur son visage et sur son pull. En 2015, son commerce a prospéré avec une boutique. Le commerce, c’est ce qu’il rêvait de faire comme métier. Mais il regrette que ça n’avance plus depuis maintenant cinq ans. Pour lui, « le dirigeant idéal serait celui qui prône la sérénité du pays ».

Son ami Claude vient nous interrompre, il lui ramène sa batterie de téléphone. Il a abandonné l’école en 2017. Orphelin depuis 11 ans, il payait lui-même les frais scolaires dès l’école primaire. Maintenant, il n’y arrive plus. Aujourd’hui, il loue une maisonnette qui lui sert à la fois de charge des batteries des téléphones et son salon de coiffure. À 20 ans, il ne voudrait pas voir aucun autre jeune comme lui quitter l’école pour une aventure aussi incertaine dans le commerce. Pour lui, c’est à la fois prématuré et sans garanti. Le président de son rêve serait celui qui « garantirait un avenir certain aux orphelins »

Le temps de faire nos connaissances prend fin. Mes deux amis partent pour servir les clients dont parmi eux, leurs anciens camarades de classe qui viennent de l’école. De mes yeux, je peux voir la demeure du Prince Ndakoze, mort il y a de cela presque 3 ans. Et de loin, j’aperçois des couvercles suspendus sur les fenêtres de certaines maisons : «Cela signifie que la bière locale (ikivu) est prête», m’annonce un homme d’un certain âge rejoignant ses amis à la buvette, à 500m du marché de Tora. 

La commune de Mugamba est l’une des six communes de la province de Bururi. Elle n’est pas enclavée car elle est frontalière avec trois autres provinces : Mwaro (à partir de Gisozi), Bujumbura-Rural (au niveau de Mukike) et Rumonge (par le billet de Burambi).

L’Office du thé de Tora a pris le nom du marché (Tora) après avoir été délocalisé du site de Kiryama vers Ntentamaza puisque c’était loin de la route principale. La commune de Mugamba connaît une température très froide d’où les maisons en toiture traditionnelle qu’on garde toujours à côté des constructions modernes pour le chauffage. Les hommes portent souvent des chapeaux pour se protéger contre le froid.

 

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