Nous sommes nombreux à savoir que Mwezi Gisabo a été l’un des grands monarques que le Burundi ait connu. Mais saviez-vous qu’à sa place, un autre roi aurait dû régner, s’il n’y avait pas eu des magouilles à la cour royale ?
Il faut dire d’emblée que dès son intronisation, Mwezi Gisabo et son pouvoir fut contesté par son demi-frère Twarereye. Ce dernier prétendait que c’était lui l’héritier du trône. Avec raison. Car, au cas vous ne le saurez pas, selon les règles de la succession, c’est Twarereye (Twarereyingoma), l’autre fils de Ntare Rugamba, qui avait été choisi pour succéder à son père. Sauf que les choses se passeront autrement. Les membres de la famille royale, jaloux de ce dernier, s’employèrent à ce que Rugamba épouse une femme qui engendrera un autre héritier du trône. De l’union entre le souverain et une certaine Vyano naîtra Bijoga, Mwezi Gisabo, celui-là même qui finira par être intronisé roi et qui allait régner sur le Burundi pendant un demi-siècle.
Et comme on pouvait s’y attendre, explique le politologue Denis Banshimiyubusa, Twarereye refusera de reconnaître son demi-frère Gisabo. Jusqu’à prendre des armes et de s’emparer des capitales royales au centre du pays. Le jeune roi qui avait un influent régent du nom de Ndivyariye, un autre fils de Ntare Rugamba, se verra obligé de fuir au sud du pays. Il ne récupérera le pouvoir que grâce au soutien des princes Rwasha et Birori, frères d’un certain Ndivyariye.
Dans une bataille farouche qui opposera les deux parties à Nkondo, écrit Melchior Mukuri dans son Dictionnaire chronologique du Burundi, volume 1, les troupes de Twarereye seront battues. L’expression populaire Biracitse nk’ivy’i Nkondo, en référence à cette sanglante confrontation, y trouve d’ailleurs son origine.
Et ce n’était que le début du commencement
On entend parler du conflit Batare-Bezi. Mais ce qu’on ignore, c’est son événement déclencheur. Tout commence par Ndivyariye. En attendant la majorité de Gisabo, comme c’était d’usage à l’époque, c’est ce dernier qui assurera la régence. Nous sommes entre 1850-1860. Cette régence, il l’assurera d’une main de fer aux yeux du jeune roi qui ne tardera pas à vouloir s’en passer.
Devenu majeur, avec l’appui des princes Rwasha et Birori, Mwezi se débarrassera de l’influent Ndivyariye. Ce dernier trouvera la mort dans des circonstances qui restent encore non élucidées. Selon certaines versions, il aurait été victime d’un complot organisé à la cour royale.
Résultat, c’est aussi Mukuri qui l’écrit, de ce conflit naîtra une véritable vendetta entre les descendants de Mwezi et ceux de Ndivyariye. C’est donc ce geste qui est à l’ origine des conflits Bezi (descendants de Mwezi) et Batare (descendants de Ntare).
Vers les années 1870, des conflits opposeront les princes Batare installés à l’Est du pays et les princes Bezi qui contrôlaient le centre du pays. Et un siècle après, ce conflit retrouvera aussi le Burundi au moment de son accession à la quête de l’indépendance, Rwagasore, un Mwezi se trouvant confronté aux fils Barayanka (Birori et Ntidendereza), des Batare.
C’est dire combien un conflit non résolu peut être dangereux, même après une longue période de latence.