Comme pour sa naissance et son intronisation, la mort du roi tout comme ses funérailles n’étaient pas des plus ordinaires. Le caractère sacré du pouvoir du souverain, c’était aussi à l’arrivée et au vécu de la grande faucheuse. Éclairage.
Toute vie a une fin. Même celle du roi, des rois burundais. Seulement, pour ces derniers, la mort était vécue exceptionnellement. À en croire Emile Mworoha, dès l’annonce de la mort du roi, c’est la reine-mère qui s’occupait du cadavre, en enduisant du beurre sur le corps du défunt souverain. Et entre temps, les babitsi, des personnes chargées d’annoncer la mort du roi sillonnaient le pays. Les uns se rendaient à la cour des chefs pour annoncer la terrible nouvelle, les autres partaient dans la région des tombeaux royaux pour avertir les ritualistes « Biru » (ils étaient chargés des funérailles des rois) de venir prendre le corps du roi.
Mis au courant, les chefs décidaient alors de la mise en deuil du pays qui consistait en l’arrêt complet de toute activité créatrice pendant un mois. Oui, un mois au cours duquel il était interdit de cultiver, de forger le fer. Un mois aussi qui imposait aux hommes de s’abstenir de toute relation sexuelle.
Mworoha fait savoir que les récalcitrants se voyaient confisquer leurs biens. Autant donc dire que le monde était à l’envers, livré au chaos, comme le reconnaît d’ailleurs Emile Mworoha. D’ailleurs, ne disait-on pas que le ciel s’est effondré (ijuru ryakorotse).
Les incontournables « Biru »
Placé sous responsabilité des Biru, l’enterrement du roi se passait au nord du Burundi, à Nkiko-Mugamba, à la frontière septentrionale entre l’ancien royaume du Rwanda et ce...