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#ThePoliticianWeWant : Musigati et sa jeunesse désabusée

La commune Musigati de la province Bubanza est particulière. Elle est l’une de deux communes du Burundi qui portent le nom d’un produit alimentaire (umusigati : canne à sucre). Une journée dans ce coin du pays, nous en apprend plus sur le quotidien et les aspirations de sa jeunesse.

Vendredi, c’est jour de marché dans la zone Kivyuka. Aussi, naturellement, nous décidons de nous y rendre. Des stands des produits vivriers et autres se tiennent à ciel ouvert de part et d’autre de la route Bubanza – Ndora. Une foule animée grouille de partout. Des voitures, de type Probox et camionnettes lourdement chargées, pimentent l’ambiance par le vrombissement de leurs moteurs et coups de klaxons. 

Ici, c’est le royaume de la canne à sucre. Elle a une place importante dans cette localité, qui porte d’ailleurs comme nom « Musigati ». En plus de son abondance, c’est une ressource financière. Une jeune femme, dans la trentaine, nous confie que grâce à cette culture, elle parvient à couvrir les besoins fondamentaux de sa famille. Au moment où la dégradation du sol est à l’origine des mauvaises récoltes, Eugénie, une mère de 4 enfants, jette une partie du tort aux dirigeants : « Nous souffrons, nous avons besoins des décideurs capables  de lutter contre la famine qui sévit dans notre pays. N’est-ce pas que les dirigeants devraient être à la tête d’un peuple épanoui ? De même pour les opposants, ils devraient penser avant tout au bien-être de ceux qu’ils représentent. »

Une jeunesse méfiante

De Kivyuka  vers la zone Ntamba, l’air se rafraîchit malgré le soleil, c’est une région montagneuse dominée par la verdure. Cela n’est pas étonnant car nous sommes à quelques km de la Kibira. La proximité avec cette forêt perçue jadis comme source  d’insécurité, laisse des séquelles. Ancien bastion des rebelles pendant la crise, la population locale était la cible, soit des rebelles, soit des militaires, accusée de collaborer par l’un ou l’autre groupe. Les répercussions de la guerre poussent la jeunesse à la méfiance. Nous remarquons leurs regards curieux et furtifs, à la vue des visages étrangers. 

Notre objectif est la découverte de la région. Or le tourisme est impossible sans guide. Le comportement des gens nous laisse perplexe. Il nous faut une stratégie d’approche pour les comprendre. Nous décidons de laisser les quatre roues et le reste de l’équipe. Je me retrouve donc seule, à pieds, afin de me fondre dans la masse. D’un pas pressé, un jeune couple passe devant moi. Ils ont entre 20 et 25 ans. Je me joins à eux et nous faisons un bout de chemin ensemble. Le garçon est le premier à briser le silence en plaisantant que mon poids en excès ne me permettra pas de garder leur rythme. Je rétorque que si je n’y parviens pas, ils vont finir par me porter. Nos trois visages s’éclairent. Ça y est la glace est brisée.

Je profite de cette atmosphère conviviale pour leur demander l’image du politicien idéal selon eux. Le garçon prend la parole : « Je voudrais des politiciens qui mettent en avant l’intérêt public. Il ne faut pas que la construction de leurs propres villas prime sur tout, alors que la population croupit dans la misère. ».  La fille ajoute : « Regarde autour de toi, il y a quoi de spécial ? ». Elle scrute mon visage, attendant une réponse : « Pourtant, rares sont les ex-combattants qui n’ont pas escaladé ces montagnes », ajoute-t-elle en désignant du doigt la Kibira. Puis d’un air pensif, elle poursuit sur sa lancée : « Il faut alors qu’ils pensent à ce peuple qui les a soutenus et qui continue à voter pour eux !»

Une jeunesse instrumentalisée et délaissée

Même son de cloche chez les jeunes rencontrés à la paroisse Mukunga de la zone Ntamba. Des jeunes instruits admettent que le chômage les hante. Nestor, lauréat d’une école technique, déplore l’exclusion dont ils sont victimes : « Il est temps que la  classe politique se préoccupe de l’avenir, qu’elle élabore des projets pour la jeunesse… ». Jacques, un enseignant de 34 ans, lui coupe la parole : « Pourtant les partisans du pouvoir et de l’opposition font toujours appel aux jeunes quand leurs intérêts sont en jeux, après on les jette comme des torchons sales  ».

La commune Musigati compte 4 zones et couvre 27% toute la province. Toute cette superficie n’est pas couverte en électricité. La zone Ntamba n’est pas éclairée. Sa jeunesse, amateure de football, passe d’une zone à l’autre pour regarder les matchs télévisés lors des championnats régionaux et internationaux.  Elle fait 4h de marche aller- retour. 

 

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