Connu surtout au Burundi et au Rwanda dans différentes rencontres de l’humour, Michael Sengazi a petit à petit gravi les échelons regagnant les cœurs des amoureux du sixième art. Licencié en droit, rien ne prédestinait à Michael Sengazi une carrière de comédien. Voici son parcours.
Ceux qui le connaissent depuis son enfance s’accordent sur un point : Michael Sengazi est un comédien né. Blaise Ikoriciza dit « Rasko », fondateur et CEO de Now Creative, a vu Sengazi évoluer. Ami de longue date, il a assisté à son premier show en 2011 au Burundi. « Il était talentueux et faisait quelque chose qu’il aime. Je voyais en lui un comédien inné », précise-t-il. Avec la naissance de Now Creative, Sengazi est directeur artistique et Rasko devient son manager.
Kigingi, son voisin d’enfance et son frère de métier, est tout aussi admiratif. « C’est mon petit-frère, mais c’est lui qui m’a inspiré quand j’ai assisté à son premier stand-up », témoigne le comédien le plus en vue à Buja.
Qui est Michael Sengazi ?
Du haut de ses 31 ans, ce natif de Mutanga est le cinquième d’une fratrie de sept enfants. Burundais par son père et Rwandais par sa mère, il fait ses études primaires et secondaires à Bujumbura, à l’École Saint-Archange. Le jeune « Athos » pour les intimes (référence à l’un des personnages du roman « Les Trois Mousquetaires ») est très timide en classe, gaucher, avant de « prendre les bonnes habitudes » en devenant droitier comme l’exigeait la pédagogie de cette époque. À la maison, son père est un homme plein d’humour.« Il aimait inviter ses amis à la maison pour venir causer », se rappelle Michaël.
Malgré une famille maternelle pleine d’artistes (les chanteurs Masamba, Sentore, Yvan Muziki), aucune ambition pour l’art ne retentira chez Michaël, tout au long des humanités générales. Il est plutôt plus passionné du foot. Les études académiques arrivent, Mika embrasse le droit. « J’ai choisi le droit, peut-être poussé par l’instinct. Mon père vient d’Ijenda », explique le comédien en riant, les natifs de cette région de la province Bujumbura rural ont la réputation de fréquenter, plus que les autres, les tribunaux et de s’engager dans des procès sans fin.
Le point de départ : Kigali et Kinshasa
C’est au cours d’une tournée littéraire organisée par Ishyo Arts Center à l’Université Libre de Kigali, en 2010, que la connexion s’établit : « Il y avait Kossi Efoui, Hubert Hadad, et je les ai abordés d’une façon assez décontractée et directe qui a frappé Carole Karemera, la directrice du centre. Après, j’ai reçu des formations sur les techniques théâtrales car j’ai commencé là-dedans…mais c’était des “crash courses”…des cours à la va-vite », explique-t-il. La rencontre littéraire suivante, Karemera confie l’animation à Sengazi. Le jeune homme s’en sort plutôt très bien, se voit offrir même un rôle par Carole Karemera qui met en scène « Le Réviseur », du Russe Nicolas Gogol. Ce fut le début d’une passion jusque-là incertaine.
«Dire à ses parents qu’on va faire de la comédie alors qu’on vient de boucler sa licence en droit, ce n’est pas du tout facile », admet le jeune comédien. « C’était une surprise pour moi aussi. Finir en droit…et après pratiquer le stand-up ? C’est un coup du hasard », affirme-t-il. Entre-temps à Kigali, Michaël côtoie Jérôme, Arthur et Hervé qui formeront le groupe «Comedy Knights».
Un soutien inespéré
La seule personne qui l’a motivé, confie-t-il, c’est son grand-père maternel, un vrai sage mais aussi son idole. « Il m’a dit : voyons mon petit, libère-toi et suis ton cœur ! », se rappelle Mika, reconnaissant.
Lors du Festival « Toseka » à Kinshasa, Sengazi fait sa première apparition sur scène : « Il y avait 6 000 personnes dans la salle, avec Mamane de la RFI comme grand invité. Je devrais me produire pendant 30 minutes. On m’a ajouté 15 de plus parce que le public était fasciné », se souvient-il. Après ce début réussi, Sengazi enchaîne ses prestations dans différents événements comme le Festival de la comédie de Montreux en Suisse, le Parlement du Rire, Caravane du rire, Kigingi Summer Comedy et très récemment le Buja Lol.
La routine sociale et sociétale, c’est cela sa source d’inspiration. Parler dans les moindres détails de la figure parentale, les blagues liées à la sexualité, se moquer des préjugés identitaires, etc., sont les principaux sujets abordés par Sengazi. Pour lui, la base d’un bon comédien, c’est « d’être drôle », celui qui rappelle l’imprévu du destin, quand tout semble rouler à l’ordinaire.
Des idoles, Sengazi en a un paquet. « J’ai plusieurs comédiens que j’admire, que j’aime…Gad Elmaleh, Steve Harvey, Dave Chapelle, Bill Cosby, Guy Bedos, Dieudonné, le sud-africain Trevor Noah », cite-t-il.
2019, une année de gloire mais aussi des perspectives
Après beaucoup d’années, le travail a fini par payer. Michaël Sengazi est le lauréat de la 5ème édition du prix Talents du rire, décerné par RFI le 7 décembre 2019 sur la scène du Palais de la Culture d’Abidjan avec une enveloppe de 4.000 euros destiné au développement de sa carrière. 2020 s’annonce aussi très chargée pour Mika avec la tournée « Sans Visa » aux côtés de Mamane, Gohou et Joël. C’est aussi pour lui une décennie de carrière qu’il annonce avec « plein de belles choses pour ses fans ».
Un conseil au public ? Continuer de soutenir les artistes surtout les comédiens avec autant d’amour. « Les comédiens en herbe ont besoin de nous, de vous pour réaliser leurs rêves. Soyez toujours là pour eux comme vous l’avez fait pour moi ! »