À seulement 29 ans, Aristide Ihorimbere est un entrepreneur en agribusiness qui s’est fait un nom dans la production et la commercialisation du miel. Il compte ouvrir la plus grande et moderne usine de transformation du miel au Burundi. Si son travail est mêlé à la volonté de faire apprendre aux autres à travers les HUB, le jeune de Ngozi se rappelle bien de ses débuts difficiles.
De père chauffeur et d’une mère cultivatrice, M.Ihorimbere a connu les prodiges de la terre dès son jeune âge. Alors qu’il s’intéressait aussi au métier de son père, l’agri-élevage a été son terrain préféré. En 10ème année, il commença l’élevage de 50 poules. « Chaque samedi, je devais aller à vélo à Mutoyi (Gitega) à la recherche de la nourriture pour mes poules. Je suais, mais j’en étais fier », se rappelle-t-il.
Alors qu’il s’apprête à commencer l’université, son père est victime d’un accident et passe les années 2011 et 2012 à son chevet à Bujumbura. Son père se voit amputé d’une jambe. Le jeune Ihorimbere sera le grand contributeur à la facture. Il déboursa plus de 2 millions de FBU qu’il avait tirés de son élevage de poules. Tout semble alors être fini pour lui. Mais il ne baisse pas les bras pour autant.
Repartir à zéro
Soucieux de rester proche de sa terre natale et de l’agriculture, il choisit la faculté d’Agronomie à l’université de Ngozi. Il en supportera seul les frais académiques. Ayant commencé le commerce du miel, le jeune ambitieux devra se lever tôt vers 4 heure du matin chaque jour. Il n’avait désormais que le capital de 4 bidons de miel, qu’il fournissait à Bujumbura. « Je n’oublierai jamais ça. Le capital était une dette à rembourser. Je devais fournir aux gens que je connaissais à peine. Je devais être prudent, mais avoir aussi confiance en eux », explique-t-il.
L’idée lui vient alors de posséder ses propres ruches. « J’ai imploré mon père pour détruire mon lit afin de récupérer les planches, car je n’avais pas assez d’argent pour acheter de nouvelles planches », se remémore-t-il.
Entre-temps, il investit un peu d’argent dans les briqueteries. En 2015, avec 4 000 000 FBU, il acquiert 330 poules. Avec sa production et la collecte, l’entrepreneur avait une capacité de fourniture de 20 000 œufs par mois.
Commencer petit et viser très loin
En 2015, Aristide Ihorimbere gagne haut la main le prix de Burundi Business Incubator pour les jeunes entrepreneurs dans sa catégorie. Le prix de 3 millions de FBU lui permettra d’accroître ses ruches. De 10, il en arriva à 50 ruches. Il bénéficia également d’une formation en entrepreneuriat. L’agribusiness devient un hobby.
Si en 2017, il a perdu 20 millions de FBU à cause de la fermentation du miel suite au manque de connaissances, l’infatigable entrepreneur en a tiré des leçons sur le processus de conservation du miel. « J’ai beaucoup appris de cette mésaventure. Aujourd’hui, je compte sur mes riches expériences sur le miel pour mieux investir. Nous montons une usine qui aura une capacité de production de 20 tonnes par mois avec un investissement de plus de 40 millions de FBU», affirme-t-il.
De cette grande production, il compte fournir en République démocratique du Congo, dans les pays de la Communauté est-africaine et l’Occident. Il espère avoir toutes les autorisations nécessaires, en vue de faire certifier le miel Breva qui sera produit prochainement par Shepcom (Safety Health Product Compagny), sa nouvelle société.
Envie de partager ses connaissances et expérience
Aujourd’hui, Aristide Ihorimbere est fier d’avoir construit une maison moderne dans la ville de Ngozi. Propriétaire de véhicules et motos, il peut aussi se consacrer à son business, et siroter tranquillement sa bière le soir avant de rentrer chez lui. Cependant, il semble ne pas vouloir garder aucun secret sur l’agribusiness.
Conscient que les jeunes ont des défis d’entreprise, Aristide est la tête de Youth Agribusiness Incubator (YAIN) qui organise régulièrement des séances de coaching aux aspirants de l’agribusiness à travers des HUB. Il est aussi sollicité par plusieurs entrepreneurs pour s’associer à lui dans plusieurs autres entreprises.
Cette année, il compte, à travers YAIN, ouvrir cinq HUB dans les provinces de Bubanza, Mwaro, Ngozi, Gitega et Kayanza.
Le jeune Ihorimbere rêve d’un Burundi autosuffisant dans la production et la transformation agro-alimentaire vu les atouts que présente le pays. Sans prétendre un jour être ministre de l’Agriculture et de l’élevage, il souhaite au moins décrocher une entrevue avec l’autorité responsable pour lui glisser ses humbles avis sur le développement de l’agriculture en comptant aussi sur la jeunesse burundaise.
Cet article fait partie d’un dossier pensé et rédigé par les blogueurs de Yaga pour mettre en lumière les 25 jeunes burundais qui se sont démarqués pendant l’année 2019, dans différents domaines de la vie sociale.