Les relations entre le lac Tanganyika et ses amis ne cessent de se détériorer. Et ce, pour cause : le non-respect des termes de contrat de cohabitation pacifique et de respect mutuel. Dépassé, le lac Tanganyika décide de porter plainte et demande le recours des garants de ce contrat.
À son Excellence Procureur Général de la République,
Trop c’est trop. C’est devenu insupportable. Difficile de tolérer l’ingratitude de mes voisins qui sont Buyenzi, Kinindo, Ngagara, Kanyosha, … qui ne cessent pas de violer les termes du contrat de cohabitation pacifique. Je ne respire plus. Ils ne me donnent que des déchets de toute sorte.
Au lieu de construire leurs propres lieux d’aisance, ils m’ont transformé en toilettes. Je n’ai plus où sécher mes habits, organiser les fêtes de fin d’années, accueillir mes visiteurs,…me détendre. Au lieu de m’envoyer des cadeaux, d’aliments délicieux, des bons morceaux de viande,… ils me réservent des pourritures, des excréments, etc.
Mes garçons et filles « poissons » n’ont plus où se reproduire. Les points de garde, les positions, les tranchées,… de mes soldats « crocodiles » ont été envahis. Ils ne cessent de tomber dans des embuscades malgré l’accord de cohabitation pacifique. La non-ingérence. Mes commandos, mes tirailleurs « hippopotames » n’ont plus où s’entraîner, jouer. Leurs champs de tir envahis par les maisons, les bars, etc.
Les pistes de décollage et d’atterrissage de mes avions « hirondelles », « pyconotus barbatus », « ceryle rudis », « corythornis cristatus », « lanius collaris », « circaetus pectoralis »,… sont envahis. « La patience a des limites », dit-on.
Comment veulent-ils que je sois gentil envers eux alors qu’ils sont méchants, ingrats ?
Et ingrats qu’ils soient, ils ne cessent d’exiger que je respecte les termes du contrat en leur fournissant d’eau potable, du Ndagala, du poisson, etc. Or, selon la sagesse burundaise, « Amaboko aryoha anyurunye ». Comment veulent-ils que je sois gentil envers eux alors qu’ils sont méchants, ingrats ? Ils me servent des déchets, et ils me demandent en retour de l’eau propre, du poisson, etc. C’est vraiment dingue.
Notre contrat est bien clair. Des bons textes dont la mise en application laisse à désirer. Mes voisins les ont cachés dans les tiroirs pour se permettre de tout faire.
Cher Procureur Général de la République, le Code de l’eau de 2012 faisant partie de notre contrat, dans son article 5, précise que les bords ou rives des lacs sur une largeur de 150 m pour le lac Tanganyika et 25 m sur chacun des abords pour mes affluents… font partie de mon domaine. Le texte fondamental de notre pays, en son article 159 stipule que cette distance peut-être élargie.
Malheureusement, au lieu de respecter les termes du contrat, mes voisins veulent m’asphyxier.
Cher Procureur, je n’ai pas besoin d’avocats pour ce dossier. Je ne vous demande que de leur rappeler que cet espace est réservé à mes enfants aujourd’hui condamnés à passer toute la journée au lit parce qu’ils n’ont plus où jouer, se détendre. Et d’ailleurs, qu’ils installent des poubelles chez eux : je ne suis pas un dépotoir. Leurs saletés ne sont pas les bienvenues chez moi. Mes enfants, mes visiteurs, … ont besoin de respirer un air frais.
Au cas contraire, je vais vomir tous ceux qu’ils m’envoient et réunir mon arsenal pour reconquérir mes terres.