Ce 20 janvier marquait la rentrée de l’année académique 2019-2020 à l’Université du Burundi (UB). Un moment d’extase pour les nouveaux étudiants qui s’entichent déjà de leur nouvel établissement.
Il est de ces circonstances où dompter son émotion est humainement impossible. Les yeux mouillés par des larmes de joie, la gorge nouée par l’émoi, c’est à peine audible que Jules N. parvient à nous faire part de ses impressions. Il susurre : « Je n’en reviens pas, même dans mes rêves les plus téméraires, je ne me suis jamais vu dans une si grande université ».
Le jeune homme a de quoi se réjouir. Lauréat en langues et orienté dans la nouvelle filière de journalisme, il savoure, enthousiaste : « Nous avons visité les locaux et tout est top. Le matériel est là, un ordinateur pour chaque étudiant, ça se voit que ce n’est pas un projet précipité. Nul doute qu’il y aura également des profs calés dans le domaine ! ».
Irina, une « puante fière de l’être » pour reprendre ses mots, n’est pas moins laudative. Fille d’un professeur en psychologie, elle a toujours rêvé de marcher dans les pas de son paternel « et aller plus loin que lui », confie-t-elle dans un éclat de rire.
Ce Rubicon qu’elle veut franchir n’est autre que celui des neurosciences. Sans l’ombre d’une tergiversation, elle trouve que « pour une université qui suit le rythme de son temps en équipement comme ouvrages et outils de laboratoire de pointe, l’UB reste quand même le meilleur choix ».
Les yeux plus gros que la fac
Il ne faut pas être une lumière pour savoir que la notoriété d’une université passe aussi par les fruits de la complicité que peuvent avoir les étudiants et leurs professeurs. Même les petits geeks de la Sillicon Valley que l’on nous présente comme des self-made men évoluant en loups solitaires ont un jour ou l’autre eu besoin d’un professeur.
Sur ce chapitre, l’Université du Burundi semble exceller, à en croire Jean-Claude, un bizuth qui fait ses premières heures en Physique – Technologie : « Les professeurs ont tenu à venir nous accueillir et nous parlaient sans condescendance. Je sens que je vais vivre mes plus belles années sous l’aile d’un senior dans mon domaine. Il y en a qui ont accepté à quiconque le veut l’accès à leurs bibliothèques privées ».
Abondant dans le même sens, la « puante » Jacqueline se dit épatée par l’humilité des professeurs de l’UB. Pour elle, « ils sont simples et ne créent pas de distance entre eux et les étudiants ». Une évidence qu’elle ne veut pas nuancer parce que « quand quelqu’un qui a lui-même étudié et obtenu des bourses du gouvernement est dans la place de celui qui partage ses connaissances, il le fait comme Saint François d’Assise aidant les pauvres, avec simplicité et altruisme ».
Des lendemains qui chantent grâce aux compétences mais pas aux kilomètres parcourus en vantant les « bienfaits » d’un politique; la possibilité de voir l’avenir en rose sans être utopiste; une université qui ne trouve pas son prestige dans une douce mythologie surannée… Voilà entre autres ce que les têtes rasées des puants pourraient bien contenir…
Kayaga est une chronique qui scrute les faits sociétaux, politiques, économiques du Burundi sous un angle humoristique. Les articles qui sont publiés dans Kayaga n’ont d’autre visée que de pe(a)nser notre pays en passant par le second degré.