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Prince Charmant Iradukunda, ‘‘The artist’’ !

Homme de paix, acteur du changement, Prince Charmant est avant tout un artiste. Entre poésie et théâtre, il rayonne actuellement dans le « slam ». Portrait de ce jeune aux nombreux talents…

« Que des vertus et des talents soient l’héritage de tes enfants », dit un proverbe chinois. Et bien cela semble être le cas pour Charmant, qui a puisé dans les talents de son grand-père son art. Ce natif de Nyakabiga, en Mairie de Bujumbura, raconte que tout petit, quand il commençait l’école primaire, il allait passer ses vacances chez ses grands-parents dans la province Cibitoke. « J’étais fasciné par les déclamations de mon grand-père quand il se mettait à réciter Amazina y’Inka et autres Ibicuba, mots auxquels les vaches qu’il gardait réagissaient parfois et j’étais intrigué par cette magie », nous dit le jeune homme qui vit actuellement à Ngagara. 

Il poursuit : « J’écoutais alors attentivement pour essayer de capter le max de mots possible et je m’efforçais de répéter, sans vraiment y arriver ; tout en essayant de comprendre cet art que j’apprendrais plus tard qu’il s’agissait de la poésie pastorale. Et c’est peut-être de là qu’est née ma passion ».

Les débuts dans le slam

« Ma passion pour le slam, c’était d’abord pour la poésie », dit Prince. Il a d’ailleurs écrit son premier poème étant en 6è année primaire. Puis il a continué à l’école secondaire, au Lycée Gisenyi, en faisant partie du « Club Stop SIDA » où il composait des poèmes en la matière. On est 2010-2011. Puis il intègre le Lycée du Lac Tanganyika, où il y aurait une formation plus approfondie, selon le jeune slameur. « On nous incitait beaucoup à lire et je m’y suis mis avec brio, ce qui a renforcé ma passion pour les langues », nous dit le slameur qui ne peut plus se passer du livre. Il a d’ailleurs participé à la création et au développement de deux clubs avec d’autres amis : un de français, qui s’appelle d’ailleurs « La francophonie » et un autre d’anglais, pour « créer un environnement et un espace propices à l’apprentissage de ces deux langues ; vu qu’à l’école dans les discussions, on parlait juste le Kirundi. Mais aussi pour l’éclosion d’autres talents », explique  Prince Charmant.

Et en 2012, en écoutant la radio, il tombe sur une émission qui parle de quelque chose qui ressemble à la poésie, sa passion, mais qui n’en est pas une : le Slam. Et il est captivé… à jamais ! Il rejoindra plus tard le groupe « Génération Slam » avec CEWIJE parce qu’il trouvait « intéressant de voir comment les autres agencent les mots ». C’est là qu’il fera ses premiers textes slam, en 2013.

Les formations et la consécration

À côté de la poésie et du slam, il a une autre passion : le théâtre. Il fait partie des « Enfoirés de Sanoladante ». C’est entre autre au retour d’une formation sur les « History Makers » (ou les faiseurs d’histoire) qu’il va développer sa culture artistique. « Au-delà du divertissement, le théâtre a contribué énormément pour forger l’artiste que je suis, à travers la rigueur et le sérieux qui le caractérisent ». 

Pour renforcer son anglais, il va faire une formation en anglais à l’ambassade des USA au Burundi. Et à la fin de la formation, on lui proposera de faire un slam en anglais le jour de la remise des certificats. Il hésite. Il ne l’a jamais fait. Puis après il tente le coup et le résultat est excellent. Il fonde alors le « Slam For New Generation : S4NG » qui va rassembler ceux qui font du Slam en anglais « puisqu’à l’époque, on ne slamait qu’en français », avec des innovations comme le Slam Contest et le Babel Scene Slam. On est en 2017.

Entre-temps, en 2014-2015, il a rejoint le groupe de « Slam makers » où il  rencontre d’autres slameurs et organisent ensemble diverses activités et se renforcent dans l’art. En 2016, il participe dans une compétition slam et la remporte. Il se sent en confiance maintenant plus que jamais. En parallèle, une formation est organisée à leur égard et cette phrase de l’ancienne directrice de l’IFB, Stéphanie Soleansky, trouvera tout son sens chez le jeune slameur : « Entraidez-vous ou entretuez-vous », et donnera naissance à Jewe Slam, en 2017, qui va être un collectif de slameurs pour entre autres s’entraider. Il sera chargé de la communication dans le collectif.

Vuga Festival et la suite

2018, le collectif organise le premier Championnat national de Slam et de poésie. Charmant se charge toujours de la communication de cette première édition. Puis une idée voit le jour : l’organisation d’un festival de Slam pour « la promotion de l’art oratoire au Burundi qui serait aussi une façon de professionnaliser le Slam ». Il sera officiellement le Directeur artistique du festival qui portera le nom de « Vuga », encore une des idées de notre artiste, mais au gré des circonstances, il se retrouvera en train de le coordonner au point de devenir de fait son Directeur. Et Vuga Slam Festival 2019 n’aura été que réussite sous sa direction.

Il dit vouloir poursuivre ses études dans l’art et devenir un véritable entrepreneur culturel. Ceci parce que, fort de son diplôme professionnel spécialisé dans les TICs qu’il va avoir bientôt, il est conscient que c’est à travers l’art qu’il va continuer à communiquer pour éduquer, participer au changement des mentalités pour un monde meilleur… bref servir sa communauté. 

Cela passera entre autres par la poursuite et le renforcement de ses habitudes de vie comme le fait de s’inspirer des autres personnes qui ont réussi en écoutant ou en regardant au moins trois vidéos/documentaires par semaine sans oublier de participer dans un groupe de réflexion, « Come and Reason together », qu’il dirige où ils se questionnent sur les différentes choses de la vie, leur superficialité et leur profondeur et ils y dégagent des principes de vie que chaque membre du groupe se doit de suivre.

Ce passionné de la « Phone photography » qui l’occupe pendant son « temps perdu » puise son inspiration aussi dans les livres et autre faits de la société. Convaincu que « peu importe ce que nous faisons, peu importe ce que nous disons, peu importe ce que nous avons, si ça n’aide personne ça ne sert à rien », il conclut que « même si l’idée du slam est une passion, nous voulons faire de cette passion une vie ».

Cet article fait partie d’un dossier pensé et rédigé par les blogueurs de Yaga pour mettre en lumière les 25 jeunes burundais qui se sont démarqués pendant l’année 2019, dans différents domaines de la vie sociale.

 

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