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Le travail domestique, « ni indya nkurye »

La société burundaise se heurte à pas mal de problèmes. L’un d’eux, c’est la maltraitance des travailleurs domestiques dans certaines familles urbaines. Les réponses à ces traitements ignominieux divergent. Ce témoignage nous aidera à la prise de conscience. 

Viateur*, la vingtaine à peine, exerçait il y a peu, son métier de travailleur de maison à quelques mètres de chez moi. Il est 10h. Je le rencontre dans un des quartiers populaires de Buja, trois mois après son « évasion ». Il me raconte les motifs de sa fuite. Comme d’autres « grooms », Viateur* se réveillait très tôt le matin pour préparer le petit-déjeuner. À 6h du matin, tout devait déjà être sur la table. « C’était l’ordre de ma patronne et je devrais l’accomplir coûte que coûte », confie-t-il. 

Après leur départ, il s’attelait à préparer le dîner. Les après-midi, il s’occupait de la lessive. « Je travaillais toute la journée et le soir. C’était fatiguant pour moi, des fois, je me demandais si j’étais devenu leur esclave. Mais cela ne me choquait pas beaucoup, contrairement aux insultes et tortures subies de la part de ma patronne », poursuit-il.  

Je me rappelle justement que parfois, on entendait les cris du jeune Viateur. Un jour, un voisin a proposé d’alerter la police, mais les autres voisins ont rejeté l’idée: « Il ne faut pas s’ingérer dans les affaires d’autrui ».

« What goes around comes around »

Quelques mois après des harcèlements répétitifs, Viateur a riposté. Il a grièvement tabassé Clairia*, cadette de la famille. « Un certain samedi, je suis entré dans la maison chercher un truc dans le réfrigérateur. En passant à coté de la fille qui regardait la télé, elle a commencé à m’insulter. Je n’ai pas pu me retenir une seconde, j’avais le ras-le-bol des insultes incessantes. Je l’ai frappé avec toute ma colère et elle s’est évanouie. Je croyais qu’elle était morte, j’ai pris directement la fuite », raconte-t-il

La fille a été par la suite secourue par les voisins. Après avoir entendu le témoignage de ce jeune homme, je me suis posé cette question : « Si Clairia était morte, quelle serait la cause ou à qui serait la faute ? »

Nous entendons des histoires pareilles tous les jours. Des traitements inhumains turpides sont enregistrés ici et là. Des fois, ce qui me turlupine le plus, c’est le fait que ce qui commettent ces traitements ne sont pas inquiétés par la justice. L’État devrait à son tour voter des lois régissant l’emploi des travailleurs de maison afin de donner une reconnaissance à leur profession. Les travailleurs domestiques sont des humains comme nous tous. Traitons-les avec dignité.

*Noms d’emprunt                    

                                                                           

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