Premier d’une longue série, le débat tenu le 23 décembre à l’endroit des jeunes est révélateur d’un fait : il y a une urgente nécessité de débattre sur l’histoire du Burundi.
C’est un après-midi du lundi 23 décembre. Martha Hôtel a de la compagnie. Des jeunes pour la plupart, viennent un à un ou en groupes. Au total, une quarantaine. Tous les sexes sont représentés. Ils sont venus avec un seul objectif : débattre, parler de l’histoire du Burundi. Et ils le feront avec enthousiasme. Tout au long du débat, un point commun entre ces jeunes. Tous affirment la nécessité (urgente) de débattre sur l’Histoire du Burundi.
Cette urgente nécessité, Dona Samantha Mugisha, étudiante à l’Université du Lac Tanganyika l’attestera : « Face à la diversité des sources de l’histoire du Burundi, certaines plus sérieuses que d’autres, parler et débattre sur cette histoire peut aider les jeunes à la connaître et mieux préparer son avenir par conséquent. » Une idée partagée par Félicité, elle aussi de l’Université du Lac Tanganyika pour qui, parler de l’histoire, celle douloureuse par exemple, peut aider à la cicatrisation des mémoires blessés.
Le lacunaire enseignement de l’histoire questionné
Il y a un autre constat : bien qu’une bonne partie de l’histoire du Burundi est enseignée depuis l’école fondamentale jusqu’à l’université, force est de constater que les jeunes burundais n’apprennent rien comme « histoire » à partir des années 1960 et surtout l’histoire du conflit burundais.
L’Histoire du Burundi post-indépendance est donc cette partie non enseignée alors qu’elle est cruciale, en ce sens que c’est avec cette période que les Burundais ont commencé à s’entre-tuer sur base ethnique.
Cette observation sera faite par Blaise Izerimana, le sortant président du Club Sociologie à l’Université du Burundi : « C’est vrai que l’histoire du Burundi remonte à plus longtemps. Mais il faut reconnaître que c’est la période post indépendance qui est délicate. Il est donc opportun d’en parler, car c’est cette période qui a vu propulsés sur le devant de la scène les conflits ethniques et qui a vu des massacres ethniques pour la première fois de l’histoire du Burundi. »
Savoir valoriser les modèles
S’il est vrai que c’est cette période post-indépendante qui pose problème et qui est souvent l’objet de manipulation, la connaissance d’autres périodes est aussi primordiale. Surtout, un souhait est ressorti de ce débat : celui de trouver dans l’histoire du Burundi des exploits, des œuvres salutaires dignes d’être chantés. Les jeunes qui participaient dans le débat ne rateront pas l’occasion de le faire savoir.
Lambert Hakuziyaremye, étudiant en Master 2 en Socio-anthropologie à l’université du Burundi l’exprimera en ces termes : « Au cours de la crise qu’a connue le Burundi, il y a eu des modèles, des Bashingantahe qui ont su rester au-dessus de la mêlée. De tels modèles sont à valoriser pour que les différentes ethnies se rendent compte qu’il est possible de transcender nos divisions ».
Des propos renforcés par la lauréate de l’université du Burundi, Providence Niyogusabwa, qui appelle les jeunes à apprécier des exemples positifs qui ont marqué et/ou qui continuent de marquer notre société. Et d’avancer à titre exemple Christine Ntahe.
Le débat qui, rappelons-le, est le premier d’une série d’autres à venir aura le mérite de montrer l’engouement qu’ont les jeunes de connaître et de pouvoir comprendre l’Histoire du Burundi. Ils ne manqueront pas d’ailleurs d’appeler à la multiplication des débats de ce genre.