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POLITIQUE

Tolérance politique : la sincérité, c’est tout ce qu’on veut !

Plus on approche les élections de 2020, plus la politique divise complètement les Burundais. Les signes grandissants d’intolérance politique en sont témoins. Mais, sur le revers de la médaille, des signes de tolérance se dessinent ici et là. Difficile de discerner si ces œuvres de tolérance sont sincères ou s’il s’agit d’une mascarade organisée.

La semaine dernière, les photos des jeunes de Rusuguti à Ngozi ont inondé les réseaux sociaux. Ces jeunes, réunis dans une même coopérative, s’étaient donnés rendez-vous pour le sarclage de leur champ, muni des drapeaux de leurs différents partis politiques. Sourire sur les lèvres, les drapeaux du CNDD-FDD, CNL, FNL, FRODEBU et de l’APDR laissaient voir un témoignage de tolérance auquel même un aveugle aurait du mal à confondre.

Quelques mois avant, plus précisément le 4 et le 12 octobre, dans un climat jovial, c’était une journée sportive dans les provinces de Ngozi et Makamba, dédiée à la cohabitation pacifique entre les Partis Politiques du Burundi. Concours de jeux, athlétisme et match de football étaient à la une. Par la suite, un moment de convivialité, notamment d’échange autour d’un verre de l’amitié était organisé. Une image parfaite d’un pays où règne la tolérance politique.

Comme j’aimerais y croire

Pour Nkeshimana, la trentaine, il voit dans ces actes une lueur d’espoir pour 2020, un bon exemple pour les militants des partis qui pensent que les adversaires politiques sont des ennemis jurés. « Ces actes sont un signal fort qui atteste que la tolérance entre différentes formations politiques est possible », dira-t-il calmement. Pour un autre collègue, l’appréhension est un peu différente. « Qui ne se poserait pas des questions en voyant des jeunes qui emportent des drapeaux des partis politiques dans un champ, se définissant par les partis politiques dans une coopérative de développement économique ?». Pour lui, c’est une mascarade organisée pour camoufler la vraie réalité. En effet, selon lui, cette soi-disant tolérance politique tranche carrément avec les cas d’intimidations, d’arrestations, d’emprisonnements à mobile politique et d’affrontement parfois violent par certains jeunes des partis politiques, démontrant noir sur blanc que l’intolérance est encore d’actualité. Et d’ailleurs, dit-il, « la récente arrestation de deux leaders du CNL à Kanyosha ne viendra pas me contredire ».

Respect et non-violence

La tolérance n’est pas une faiblesse. Encore moins une naïveté. C’est un signe de grandeur d’esprit, de maturité politique. Comme j’aimerais que cet état d’esprit, non pas une mascarade, perdure. Aux acteurs politiques, des valeurs comme le comportement responsable, la retenue, la tolérance, le respect de l’autre sont essentiels dans cette période pré-électorale. La politique n’est pas la guerre. C’est un jeu pacifique et démocratique où les compétiteurs devraient être de simples adversaires et non des ennemis.

Ainsi, je m’adresse aux militants des différents partis politiques. Ne brûlez pas le pays. Chaque Burundais, n’est-il pas libre d’avoir sa propre opinion et d’adhérer au parti de son choix ? Sommes-nous en démocratie ou pas ? Le Burundi appartient à tous les Burundais. Et, il est révolu le temps de la pensée unique. Avoir une opinion politique différente de la mienne ne fait pas de vous mon ennemi. Soyons tolérants et fair-play ! Il n’y a pas les anges d’un côté et les démons de l’autre. Nous sommes tous fils et filles d’un même pays, le Burundi.

 

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