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« Il est temps qu’on parle de ces horreurs qui se passent dans les salles d’accouchement ! »

Du 25 novembre jusqu’au 10 décembre, nous sommes mobilisés autour de la campagne d’activisme de lutte contre les violences aux femmes et aux filles. Pour cette année, j’espère qu’une voix féminine dénoncera les violences méconnues et ignorées faite aux femmes lors de l’accouchement. Après onze jours, mon espoir s’étiole tout doucement. 

Même si ces violences demeurent difficiles à chiffrer, les témoignages en disent long. José, une jeune femme, témoigne de son calvaire lors de l’accouchement de sa fille : «Dans la salle d’accouchement, je me suis sentie comme un outil didactique. Une infirmière et un groupe de stagiaires ont débarqué ». 

La cheftaine a fait un toucher vaginal en premier. Puis, tour à tour, la petite bande a passé l’après-midi à venir mesurer son col à tour de rôle. À chaque fois, ils étaient quatre. À un moment à cause de la douleur, José s’est révoltée, elle a dit stop : « Il n’est pas nécessaire que tout ce monde me fasse un toucher vaginal.»

Toucher vaginal sans consentement

L’infirmière s’est sentie humilié devant les stagiaires, et a commencé à gronder la jeune femme, lui disant d’arrêter son cinéma car elle n’avait pas mal. « J’avais l’impression d’être une petite fille à qui on faisait une remarque.»  

Cette mère a eu l’impression qu’elle n’était pas comprise. Elle a insisté. L’infirmière a férocement réagi, cette fois : « Tu veux accoucher, oui ou non ? Alors laisse-nous faire notre travail. Quand on fait un enfant, on assume. »

Et Comme José voulait accoucher, elle n’a eu d’autres choix que d’accepter. Cette malheureuse histoire ne s’arrête pas ici. Après 6 heures de travail, le col s’est ouvert, mais Josée était épuisée et découragée. La peur de perdre son enfant l’a envahie. 

Pourquoi une épisiotomie sans m’en informer ? 

Les infirmières lui demandaient de pousser fort. Mais Josée n’avait plus de force. Elles ont commencé à lui crier dessus : « Pousse fort ou tu vas tuer ton enfant. ». De plus en plus fort, chacune des infirmières donnait son ordre: « Pousses plus fort, ne sois pas paresseuse. Pense à ton enfant ! »

Puis d’un coup, raconte José, elle a senti quelque chose de froid lui couper la peau. « Une douleur irradiante m’a traversé du plus profond de ma chair jusqu’au système nerveux. C’était la fameuse épisiotomie.». Pour finir sa fille Korineza naitra. « Pourquoi ils m’ont fait une épisiotomie sans m’en informer ? », se demande la jeune maman. Finalement, avec cette expérience, José, qui pensait que le corps médical devait informer ses patients sur tout acte qu’il doit poser, sait aujourd’hui que malheureusement ce n’est pas comme cela que ça se passe : « Ils n’ont pas besoin de notre consentement. »

Le traumatisme est encore très vif….

Trois années se sont écoulées, mais pour Josée, le traumatisme est toujours présent. « Le souvenir de la douleur atroce est encore très vif.» 

La conclusion est sans appel : l’accouchement est vécu comme une violence, par certaines femmes. Il s’agit d’une violence obstétricale. Cette dernière se définit comme des comportements, actes, paroles, ou omissions commis par le personnel de santé, qui ne sont pas justifiés médicalement ou sont accomplis sans le consentement libre et éclairé de la femme enceinte. Ce terme n’est pas reconnu au Burundi, mais ce n’est pas parce que cette violence n’existe pas !

 

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