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« Abatowneri » Vs « Abamanuka » : une guéguerre sans fondement

Les études, la recherche de travail, la sécurité… Peu importe les raisons, les villes du Burundi et en particulier la ville de Bujumbura sont devenues très hétérogènes : peuplées de natifs et ceux qui viennent des campagnes. Au-delà des apparences, les préjugés entre ces deux groupes ont façonné des attitudes et pratiques qui ne nous rendent pas service en fin de compte.

De prime abord, on ne choisit pas sa famille, ses parents et encore moins là où on naît. Cela pour dire que peu importe le lieu de naissance, rien ne garantit à priori une réussite. Tout dépend de la vision individuelle, de son environnement et de l’usage que l’on fait de son talent.
Assez pour le décor. Essayons de comprendre les causes profondes de notre fameuse guerre froide entre « abatowneri » (citadins) et « abamanuka » (campagnards).
À vrai dire, cela résulte d’un cliché, d’un portrait-robot de l’enfant typique de la campagne et celui de la ville.

De la conception à l’âge adulte

D’une part, il y a ce rejeton dont la conception été révélée par les signes sympathiques de grossesse de sa mère. Ce fœtus qui s’est développé dans les entrailles d’une mère qui passe ses journées aux champs avant d’aller puiser de l’eau, chercher du bois mort et préparer la nourriture pour toute la famille. Je parle de ce bébé qui est né au bord de la route alors que sa maman se rendait au marché pour acheter du sel et de l’huile à une dizaine de kilomètres du logis familial.

C’est aussi cet enfant que l’on mettait au milieu du champ que l’on est en train de cultiver, qui mangeait de la boue à volonté, alternant avec un morceau de patate cuite non épluchée ou encore une portion de pâte de maïs préparée la veille.

Mais également de cet adolescent qui passait ses journées à jouer avec des motos en bois ou en troncs de bananiers ; et qui probablement a porté ses premières chaussures le jour de sa rentrée à l’école secondaire. Enfin, des milliers de Burundais pourraient compléter le récit.

D’une autre part, il y a cet embryon dont l’existence est connue dès les premières semaines de conception et dont le sexe est  révélé par la première échographie. Un fœtus suscitant un engouement quitte même à être célébré avant sa venue au monde. Il s’agit de ce bébé dont la naissance est un événement, un lieu de pèlerinage où les pèlerins rivalisent de cadeaux pour complimenter la famille.
Un enfant qui, depuis la crèche va être convaincu qu’il est le meilleur de tous; celui qui va se gaver de recettes du monde imaginaire et/ou fantastique allant du Père Noël à Barbie en passant par Blanche-neige. Bref, un monde surréaliste contrastant avec son environnement quotidien.

Au-delà des préjugés et des clichés

Pourtant, vous en conviendrez avec moi que tous les ménages de la ville ne sont pas nantis et que tous ceux de la campagne ne sont pas tous pauvres. Si vous ne me croyez pas, visitez le Burundi. 

Ils ont parfois tort ceux qui disent « Iyo uva ntihakuva inyuma » (nous sommes inévitablement attachés à nos origines). D’ailleurs, cela devient paradoxal quand on en vient au dialogue de sourds entre certains « citadins » et certains « campagnards », les premiers essayant de crier haut et fort qu’ils connaissent la campagne parce qu’ils ont visité le grand-père ; les derniers tentant de prouver qu’ils maîtrisent la vie mondaine parce qu’ils viennent de passer une dizaine d’années dans la ville.

Bref… Un conseil : la ville est autant riche que la campagne, et vice versa. En somme, « Tekana » et partagez les expériences sans préjugés. Pour ceux qui ont un esprit aiguisé d’entrepreneuriat, ça pourrait même créer des emplois.

 

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