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Qui va faire payer les pollueurs du lac ?

Constatée beaucoup plus au niveau du Lac Tanganyika, la pollution résulte des activités de certaines entreprises et sociétés industrielles qui ne respectent pas le code de l’eau de mars 2012. Mais ces dernières s’en lavent les mains. À qui incombe la responsabilité ? 

Dixième et dernier des principes sur lesquels se fonde le code de l’eau au Burundi, le principe de responsabilité dit pollueur-payeur vise la réparation des dommages. Sur les rives du Lac Tanganyika, une activité industrielle et hôtelière se développe. À certains endroits, l’eau dégage une odeur suffocante et arbore une couleur arc-en-ciel. Pêcheurs et riverains se plaignent. Il n’y a plus de poisson, pointant du doigt les industriels. 

Non, se dédouane la société Savonor, située sur la chaussée d’Uvira  et sur le prolongement de la rivière Kinyankonge. Le chargé de l’assurance-qualité rassure : « Cette société n’est pas la source de la pollution du Lac Tanganyika. » Djibril Ninkingiye indique en outre que l’entreprise dispose d’une méthode moderne de prétraitement des eaux usées avant qu’elles ne se déversent dans le Lac. Avec une capacité de 100 000 litres/jour soit 100 m 3., le principe de responsabilité est respecté. Donc aux dires de monsieur Djbril, ce n’est pas la Savonor.

Autre société opérant à quelques mètres du Lac, c’est la Brarudi, près du boulevard Ndadaye et sur la rivière Ntahangwa. Une source sous anonymat de cette entreprise précise : «  Notre société ne pollue en aucun cas le lac. Nous tenons à la protection de l’environnement. Donc,  il n’y a pas de redevances à payer. Nous sommes abonnés sur le raccordement des services techniques municipaux. » Donc, non plus la Brarudi.

Souvent citée comme source de pollution du Lac Tanganyika, se référant à l’endroit dit Kumase, la société African Tannery Company, AFRITAN fabrique des chaussures et commercialise des peaux d’animaux. Elle a même reçu des mises en garde afin d’arrêter toute source de pollution. Une source sous anonymat de l’entreprise rappelle que l’entreprise a été fermée pendant 3 mois, d’août à novembre 2017. Cependant, cette même source affirme qu’un rapport a montré que, pendant ces trois mois de fermeture d’AFRITAN, la pollution du lac a continué de plus belle.

Tout ça donne mal à la tête… 

Une application des lois et une répression effective des coupables

Selon un environnementaliste et ancien ministre de l’environnement, c’est regrettable que ce « cadeau du ciel » continue à être pollué par l’action de l’homme alors que des textes existent. Ambassadeur Albert Mbonerane parle de défaillance : « Le fond national de l’eau prévu par les articles 33 et 34 de cette loi de mars 2012  n’a jamais vu le jour.». Il propose ainsi une application des lois et la répression effective des fautifs. 

Du côté du ministère ayant l’environnement dans ses attributions, Jérémie Nkinahatemba, directeur des ressources en eau et assainissement, révèle que des redevances sont payées aux Services techniques municipaux, Setemu sans plus de détails. Il nous renvoie à l’Office burundais de l’urbanisme, habitat et de la construction OBUHA nouvellement créé, mais sans succès. 

Puisque les entreprises et sociétés s’en lavent les mains, qui polluent le lac alors ? Que dire des égouts publics bouchés ? Le centre d’épuration des eaux usées de Buterere est-il fonctionnel ? À quand l’installation des vis d’Archimède ? À quand le début des activités de l’OBUHA ? Les pollueurs (ils doivent exister, vous en convenez) resteront-ils impunis ?

 

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