Site icon LE JOURNAL.AFRICA

Nos enfants, « de la rue », vers où ?

Ils sont au nombre de 3600, ces enfants mineurs que gouvernement burundais a fait sortir des rues et la moitié de ces enfants étaient dans les rues de Bujumbura. Ce projet gouvernemental présente quelques lacunes notamment le manque des mesures d’accompagnement, de suivi et les fonds de réinsertion de ces enfants dans les foyers.

Il y a trente ans, les dirigeants du monde entier ont fait une promesse aux enfants du monde. 190 sur 195 pays du monde entier ont ratifié à la Convention des droits de l’enfant. En l’adoptant, ils ont affirmé solennellement que les enfants avaient des droits. Mais surtout, ils se sont engagés à défendre ces droits et à en être responsables. Les gouvernements ont alors reconnu que les enfants ont les mêmes droits humains que les adultes.

Jeremy Hopkins, représentant de l’Unicef au Burundi déclare : « Le 21ème siècle a fait émerger de nouveaux défis notamment les changements climatiques, l’urbanisation rapide, l’exploitation irrationnelle des ressources naturelles, les conflits prolongés, les crises humanitaires, les déplacements forcés… », avant d’ajouter : « Partout dans le monde, les enfants sont les premières victimes de ces bouleversements. Parce qu’ils sont les plus fragiles et les plus exposés, ils sont toujours les plus vulnérables.»

Au Burundi, les enfants ne sont pas épargnés par ces défis. Suite à la pauvreté qui mine la population burundaise, les enfants sont exploités par les ménages, leurs familles. Ceux qui manquent à faire, vont directement mendier dans les rues des chefs-lieux des provinces. « Des avancées dans les droits de l’enfant se sont enregistrées depuis 2005 avec la gratuité scolaire dans les écoles primaires et aussi la gratuité des soins de santé pour les enfants en bas âge, en l’occurrence ceux de moins de 5 ans », souligne Martin Nivyabandi, le ministre burundais des Droits de la Personne Humaine, des Affaires sociales et du Genre. 

Le gouvernement va se focaliser dans les années à venir sur la consolidation des acquis portant sur le programme gouvernemental de retirer les enfants en situation de la rue. « Pour preuve, la mise en place de ce projet a déjà permis de retirer de la rue plus de 3 600 enfants », se félicite le ministre.

Malgré tout cela… 

… les enfants n’ont pas disparu des rues de nos villes. À Bujumbura, on les voit quotidiennement embarqués dans des véhicules des agents de l’ordre, mais vers où ? Le soir du même jour de la célébration du 30ème anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant en quittant la ville, dans le parking des bus, deux enfants l’un après l’autre m’accostent. On commence à dialoguer.

Guylain, un petit gamin de 10 ans, vient de Buterere. Au mois d’août 2019, on l’a retiré de la rue. Puis une famille voisine l’a inscrit dans l’une des établissements fondamentaux de la localité.  « À l’école, certains camarades et enseignants m’insultaient soit disant que je suis un enfant de la rue. Arrivé à la maison, je trouvais à peine quelque chose à mettre sous la dent. J’ai dû arrêter les études au mois d’octobre. Les parents m’ont laissé aller pour chercher ma vie dans les rues de la ville car on n’avait rien chez nous. Maintenant, tantôt, je rentre à la maison, tantôt, je passe la nuit ici et là dans la ville », confesse-t-il.

Quant à Nina, fille de 16 ans, sa vie a été profondément bouleversée par un jeune homme qui lui a donné un abri à Kamenge après leur retrait des rues du centre-ville au mois de janvier 2019. « Originaire de la province de Kayanza, je n’avais nulle part où allait. Un jeune homme vivant dans une chambrette m’a rencontrée seule la nuit et m’a dit qu’il allait me donner l’abri. Par après, on a fait des rapports sexuels durant le séjour avec promesse qu’on se mariera. Une semaine après, il m’a jetée dehors en disant que j’étais une prostituée. Depuis ce jour-là, je suis retournée dans la rue. Je vis en me cachant des agents de l’ordre », témoigne-t-elle, un minuscule bébé d’un mois et demi dans son dos.

Ça nous concerne tous…

Selon Jeremy Hopkins, en attendant l’adoption par les parlementaires d’un code de protection de l’enfance, il appelle les adultes à assumer leur responsabilité : « Nous avons les devoirs envers eux. Ils nous font confiance, leur avenir est en grande partie dans les mains d’adultes », martèle-t-il.

Et d’un autre côté, « malgré les efforts fournis par le gouvernement, des mesures d’accompagnement devrait suivre la loi mise en vigueur », dixit Erasme Hakizimana, le conseiller technique chargé des questions social dans la Commune Rumonge. N’oublions pas aussi que nous Burundais, devrions garder notre culture d’entraide. Gardons à l’esprit cet adage, « Umwana s’uwumwe ! » (l’enfant n’appartient pas à une seule personne, ndr).

 

Quitter la version mobile