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Vasectomie : une contraception boudée au Burundi

Alors que 58,6 % des hommes burundais avaient des connaissances sur la vasectomie en 2017, ils étaient 0,1 % à y faire recours comme méthode contraceptive. En ce 13 novembre, journée mondiale de la vasectomie, coup de projecteur sur cette méthode qui embarque toujours plusieurs réticences, limitant ainsi son acceptation au Burundi.

« Vasectomie ? C’est la première fois que j’entends ça », s’étonne un père ayant accompagné sa femme pour le planning familial. Il est 7h45’, au centre de santé Gitega. Sous un ciel ensoleillé, c’est l’heure d’une séance pour l’éducation à la santé. Le sujet porte sur la vasectomie avec un témoignage de Pascal, 41 ans, à l’appui : « Ayant juste un petit champ à exploiter avec sept enfants à nourrir, et une femme qui n’en pouvait plus avec les effets secondaires de la contraception hormonal, j’ai décidé de ne plus la fatiguer en optant pour la stérilisation masculine »

Un soulagement qu’exprime aussi Goreth, sa femme, même si au début, la culpabilité dominait. « J’avais l’impression d’avoir abandonné mon rôle. Maintenant, avec le recul, je suis soulagée et je me dis que oui, la contraception doit être partagée », confie la trentenaire.

Mauvaise presse

Malgré le témoignage, les hommes présents dans la salle invoquent plusieurs raisons pour se soustraire à la vasectomie. Moins de plaisir au lit, risque de divorce, opération douloureuse sur une partie du corps que l’on sait quasi sacrée … la stérilisation masculine ne les attire pas trop. Un père de six enfants, frôlant la quarantaine, affirme qu’on devient impuissant après l’opération, avant de renchérir qu’il connaît des époux qui ont été discriminés après l’opération, parce qu’ils étaient considérés comme des sous-hommes. 

Un autre au fond de la salle, la trentaine, est sidéré. « De la folie, du jamais-vu ! Se faire castrer volontairement ? Je préfère la pilule que ma femme prend à votre vasectomie », s’exclame-t-il. Une salve de rires raisonne dans la salle. Il rit aussi. Même son de cloche pour la femme au milieu. Elle a peur d’un vagabondage sexuel de certains hommes qui feront des rapports non protégés sans se soucier d’avoir des enfants hors mariages. « Bon, il ne ramènera pas d’enfant, mais peut ramener le sida et les autres IST », explique doucement la femme.

À bas les préjugés

Opération chirurgicale bénigne, la vasectomie consiste à ligaturer les canaux déférents qui transportent les spermatozoïdes. L’opération se fait sous anesthésie locale et n’excède pas 30 minutes. Donc, pas de douleur. Résultat : le sperme ne contient plus de spermatozoïdes, et n’est donc plus fécondant. Aux opinions de perte de virilité sexuelle, la vasectomie n’a pas d’effet sur la qualité de l’érection et de l’éjaculation, et n’affecte pas le désir sexuel. Un confrère médecin explique : « Normalement, il y a des hommes pour qui le fait de savoir qu’on leur a sectionné le canal déférent, qui se trouve proche des bourses, ressentent une impression de castration, ce qui n’est pourtant pas le cas. Rien ne change, car on ne touche pas aux testicules, pas aux hormones ni à la virilité ».

À mon avis, pour amener plus d’hommes burundais à cette méthode contraceptive, il faudrait lancer des campagnes de promotion continues pour détruire ces préjugés, créer des unités de planning familial pour hommes avec un counseling adéquat. À part les 27 médecins et 27 infirmières formés pour la vasectomie en 2014, il faudrait former plus de personnel pour que ce service soit beaucoup plus disponible au Burundi.

 

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