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Élections 2020 : à quand le débat sur l’importance de projet de société ?

En attendant le feu vert de la campagne électorale de 2020, un véritable débat sur l’importance du projet de société doit être amorcé aujourd’hui pour expliquer aux électeurs la portée et les conséquences d’un tel chantier.

Poser des questions pertinentes. Voilà ce qu’il faut inculquer aux Burundais. Il faut leur expliquer que le chantier qui les attend suppose des choix profonds et très lourds de conséquences. Car leurs choix  façonneront la société burundaise à tous les niveaux. Ils dessineront par ailleurs le Burundi que nous laisserons à nos enfants, à nos petits-enfants et aux générations futures. C’est sur cet acte que cette génération portera une responsabilité historique lourde.

Et pour faire les meilleurs choix, il faudra savoir poser les bonnes questions auxquelles la société burundaise tout entière devra apporter des réponses consensuelles acceptées par tous. Cependant, contrairement à ce que l’on peut croire, les choix fondamentaux ne relèvent pas, ou très peu, de la science économique. Ils sont plus de l’ordre social.

Et quelles questions ?

Les voici par exemple. Quel taux de croissance à atteindre en 2025 ? Quelle politique pour la redistribution des richesses voulons-nous? Celle basée sur des mécanismes primaires, sur la solidarité et l’assistanat ou celle basée sur la rémunération décente du travail et la reconnaissance de l’effort et de la performance ? Quelle école voulons-nous pour nos enfants ? Celle basée sur un clivage public/privé augmentant les inégalités sociales ou une école qui donne à tous les Burundais les mêmes chances pour prendre l’ascenseur social ? Quel est le profil du citoyen burundais que nous voulons former pour les générations à venir ?

Voulons-nous une économie basée sur une production faite seulement de main-d’œuvre maigrement payée ou sur une production à forte valeur ajoutée parce que faite de matière grise, de génie, de créativité, de connaissance et de technologies ?

En répondant à ces questions et bien d’autres, ce n’est finalement pas d’un modèle de développement dont il s’agit, mais bel et bien d’un projet de société.

Une responsabilité partagée

Parler aux électeurs du projet de société n’est pas seulement leur expliquer ce que les élus doivent accomplir, mais ce qu’ils doivent faire eux-mêmes. Car je me dis que le schéma de développement ne se réduit pas uniquement à un édifice scientifique bâti par des experts. Pas du tout, le modèle de développement d’un pays est d’abord et surtout un ensemble de choix auxquels doivent adhérer toutes les composantes de la société. Le meilleur schéma de développement ne peut pas fonctionner  durablement s’il n’est pas approprié par ceux qui le crayonnent et ceux qui sont censés le porter plus tard.

Oui, il faudra expliquer à la population qu’elle ne se réveillera pas un bon matin avec un nouveau modèle en marche. Sans doute, le modèle se construira sur plusieurs décennies et au fil des générations, dont chacune apportera sa touche pour l’améliorer et le rendre plus performant.  Ainsi, la contribution de la génération actuelle est de faire les bons choix qui détermineront en partie l’avenir de notre pays.

Qui devrait expliquer ?

C’est le rôle de la société civile burundaise. Cette dernière doit éduquer et enseigner la population afin qu’elle sache poser les bonnes questions aux candidats prétendants.  

Cette société civile doit elle-même poser ces questions pour montrer aux futurs candidats aux élections de 2020 les attentes de l’électorat. Pour le moment, je trouve qu’elle est plus préoccupée d’être parmi ceux qui observeront le déroulement des élections.  Oui, c’est également leur rôle. Mais il faut d’abord aider la population qu’elle représente à identifier les besoins prioritaires. Même si le temps file, attendons le début de l’année, peut-être qu’elle va se ressaisir. 

 

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