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La haine n’aura pas le dernier mot

Plus on approche des élections de 2020, plus les messages de haine augmentent sur les réseaux sociaux. Des propos qui ont fait réagir le blogueur Jean-Marie Ntahimpera.

La semaine passée, j’ai vu au moins deux messages audio qui ont inondé presque tous les groupes Whatsapp dans lesquels je me trouve. Le premier appelait à boycotter les bars, les hôtels et les boutiques des Tutsis. « L’argent que vous donnez aux Tutsi sert à acheter les armes », disait-il. Il appelait aussi à créer des banques et des entreprises dans toutes les communes et sur toutes les collines, où seuls les Hutu auraient du travail et des crédits. Enfin, le message mettait en garde contre ceux qui se marient avec les femmes tutsi : « Est-ce qu’on peut partager un secret chez toi, alors qu’une femme Tutsi est dans la pièce ? », s’indignait-il. 

Le deuxième message, qui semblait répondre au premier, insistait sur les femmes Tutsi : « Elles n’ont pas d’amour. Elles se marient avec les Hutu pour voler nos secrets ». 

L’indifférence face à la haine 

Ce qui m’étonne, c’est que très peu de gens osent dénoncer ce genre de messages. Mais l’idéologie ségrégationniste qu’ils véhiculent est une menace pour nous tous, pour notre pays, pour nos enfants et nos petits-enfants. 

Ces messages ne sont pas nouveaux. La haine ethnique a déjà fait beaucoup de morts depuis l’indépendance, et chaque groupe en a souffert. Il est temps que tout le monde comprenne que la ségrégation ethnique, dans n’importe quelle forme, ne donne jamais rien de bon. 

Il est temps qu’on comprenne qu’il n’y aura jamais de développement pour une seule ethnie. Pour paraphraser Martin Luther King, les Burundais avanceront ensemble, ou alors ils périront ensemble. 

Il est temps qu’on arrête de politiser l’amour et de mettre des barrières entre les gens qui s’aiment. Chacun est et doit rester libre de choisir la personne avec laquelle se marier.

Le loup, c’est toujours l’autre

Il se dégage de ces messages que ceux qui les diffusent croient qu’il y a une bonne et une mauvaise ethnie. C’est méconnaître la nature humaine. Il y a toujours des bons et des méchants dans n’importe quelle race, groupe ethnique ou tribu, et vouloir cantonner les méchants dans une seule ethnie et les bons dans une autre est une manière de se voiler la face.

J’ose espérer que les Burundais ne sont pas aussi bêtes qu’on le laisse croire, et qu’ils ne se laissent pas manipuler par ceux qui enseignent la haine ethnique, d’où qu’ils viennent, spécialement pendant cette période électorale. 

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