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Les Burundais profitent-ils du dollar de nos frères Congolais ?

La présence des dollars en provenance de la RDC dans différents secteurs au Burundi est une réalité. Face à la pénurie des devises qui continue à sévir malgré toutes les mesures prises, ces dollars sont devenus une aubaine économique. Comment ? 

Samedi dernier. Il est 18h 24’. Au «Fimbo na Fimbo », un bar du quartier Bwiza, l’ambiance est conviviale. Nous sommes dans la capitale économique du Burundi. La rumba congolaise résonne à fond. De même que la bière qui coule à flots. Par manque de ma préférée, Amstel bock, je commande un petit « Bechou ». N’étant pas fan de la musique congolaise, je demande au barman de changer un peu la musique. Sa réponse est directe : « Eh man, crois-tu que cette musique, c’est pour rien ?» Calmement, il m’explique que la rumba est un moyen pour attirer  la clientèle congolaise. « Ils ont des billets verts et les avoir comme clients permanents est un atout pour notre chiffre d’affaires », conclut le barman.

À ma gauche, il y a un Congolais. En causant avec lui, j’apprends qu’il s’appelle Jules Kamere*. Pour lui, jouissant de la stabilité offerte par le dollar, Bujumbura est devenue sa meilleure destination de détente chaque week-end. Il se réjouit de profiter de cette monnaie leur venant de l’autre côté de l’Atlantique. « Alors qu’une bouteille de bière s’estime à 2$ chez nous à Bukavu, la même bouteille coûte moins de 2000 Fbu ici au Burundi, donc moins de 1$ ». Une somme insignifiante, dit-il, en nous payant une tournée.

Des billets verts en peu partout

Arlène est une amie à moi. Elle a un copain congolais depuis deux mois. Questionnée sur les bijoux chers qu’elle porte depuis peu, elle m’explique que c’est grâce au soutien financier de son copain qu’elle arbore ces ornements, et que c’est toujours grâce à lui qu’elle connaît les meilleurs hôtels de Bujumbura.

Paulin Bindu est un Congolais étudiant à l’université de Ngozi. Pour lui, le Burundi profite d’une manière ou d’une autre de ces dollars. Il explique : « Alors que les nationaux payent 1.350.000 Fbu de minerval en médecine, les étrangers, nous payons 1350 $/an ». Même son de cloche pour une infirmière de Kira Hospital qui nous a expliqué que les Congolais sont parmi leurs meilleurs hôtes : « Alors que les Burundais se plaignent des prix de notre structure, cela ne cause pas de problème à nos voisins congolais, et par là, Kira Hospital est devenu une porte d’entrée des devises dans notre pays ».

Un contrepoids

« Au moment où les devises sont devenues rares, nos voisins congolais via leurs dollars, contribuent énormément au dynamisme de notre économie. » C’est le point de vue de Nicodème, cambiste. Selon lui, les Congolais en venant pour se détendre, se faire soigner ou étudier dans les différentes universités burundaises, ils apportent leurs dollars et les changent pour louer des maisons, payer le minerval, loger dans des hôtels et maisons de passage, consommer et se déplacer dans les taxis, faire des courses dans les boutiques et marchés quelques fois inaccessibles pour le Burundais lambda. Et c’est l’économie burundaise qui en profite, car leurs devises boostent la circulation monétaire.

Même si les Congolais profitent de la dépréciation du franc burundais, certains Burundais eux aussi profitent du passage au Burundi des Congolais en raison de leurs dollars.

*nom d’emprunt

 

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