Le 1er novembre de chaque année, le Burundi se joint aux autres Catholiques du monde pour célébrer la fête de la Toussaint. Alors qu’en 1965, selon les Catholiques, le miracle requis pour la béatification de l’évêque italien Guido Maria Conforti, a eu lieu au Burundi, une question demeure sans réponse : verrons-nous un jour un saint burundais dans les annales de l’Église catholique ?
It’s possible. L’espoir pointe déjà à l’horizon. Le 21 juin 2019, la phase diocésaine du procès de canonisation des possibles martyrs burundais a été ouverte. Parmi les 44 concernés, 41 sont Burundais. Il s’agit de l’Abbé Michel Kayoya, tué à Gitega en 1972, et les 40 jeunes du petit séminaire de Buta, tués en 1997. Des « héros », aux yeux de l’épiscopat burundais.
« L’église qui se trouve au Burundi, veut célébrer un groupe de personnes qui, au nom de Jésus, ont offert leur vie pour montrer que notre fraternité dans le Christ est plus importante que l’appartenance à un groupe ethnique », ont déclaré les évêques. L’étape a déjà été approuvée par la Congrégation du Vatican pour les causes des saints. Qui sont-ils au juste ?
Les martyrs de la fraternité
Depuis le début de la guerre civile en 1993, les séminaristes de Buta vivaient concrètement la fraternité chrétienne. Pour eux, l’amour du Christ était plus important que les origines ethniques. Nous voici à l’aube du 30 avril 1997. Des rebelles pénètrent dans le dortoir de l’établissement. Ils hurlent : « Les Hutu d’un côté, les Tutsi de l’autre ». Ils veulent tuer une partie du groupe. Ces jeunes séminaristes refusent d’obéir à cet ordre, préférant mourir ensemble.
L’un d’eux dira, d’après le témoignage d’un rescapé : « Nous sommes tous Burundais, nous sommes tous enfants de Dieu ». Les premières rafales sifflent. 40 jeunes viennent de perdre la vie. Des survivants ont raconté avoir entendu quelqu’un dire à voix haute : « Seigneur, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font ». Sur le lieu où ils sont ensevelis, a été construit un sanctuaire de la fraternité, connu au niveau international.
Prêtre, poète et philosophe
Selon le livre « Michel Kayoya : une vie courte mais porteuse d’espoir » de Mgr Joachim Ntahondereye, l’abbé Michel Kayoya était une personnalité charismatique qui brillait par la droiture du cœur et le courage de la vérité. Prêtre, poète et philosophe, il a toujours souligné dans ses livres que les différences ethniques, plus qu’une menace, constituent une richesse et un don réciproque. En 1972, il sera victime de ces différences ethniques, fut arrêté et écroué en prison.
Sœur Sophie Kertsen, dans son livre « Kayoya : un saint prêtre, simple et fraternel », témoigne que pendant son séjour en prison à Gitega, Kayoya exhortait ses compagnons d’holocauste, à pardonner comme Jésus. Il les faisait chanter le magnificat et des psaumes en cours de route, vers leur destination finale : une fosse commune sur les rives de la rivière Ruvubu. Comme si les bourreaux avaient reconnu en lui le pasteur des brebis sacrifiés, Kayoya a été le dernier à être entassé dans la fosse commune, mais aussi l’unique a être fusillé pendant que les autres mouraient à coups de gourdins ou par étouffement. C’était le 15 mai 1972, à seulement 38 ans.
Signalons qu’ils sont légion, d’autres probables saints burundais, qui ne sont pas connus. En effet, ils sont nombreux ceux qui ont offert leurs vies au nom d’une fraternité interethnique. Gardons leurs images, et lisons leurs vies pour essayer de les imiter. Saints Burundais, priez pour nous !