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Ma vie d’handicapé : « Un jour, coincé dans un bus, je me suis uriné dessus »

Au Burundi, les personnes à mobilité réduite connaissent des problèmes d’accessibilité de manière globale. Il s’agit d’une réalité qui handicape non seulement leur autonomie et leur intégration dans la vie active, mais aussi touche à leur dignité. Témoignages. 

T’es-tu déjà mis dans la peau d’une personne handicapée lorsque tu prends un bus ? Je vous assure ce n’est pas une chose facile. « Un jour pendant un long  voyage, je me suis uriné dessus, car aucun passager ne voulait m’aider à sortir. Tout le monde m’ignorait. Ça était très dur et humiliant pour moi », raconte Alex, handicapé depuis sa naissance. Visiblement, pour lui, se déplacer dans les transports en commun ce n’est pas facile. 

Pour les utilisateurs de fauteuils roulants, c’est encore pire. « Mon enfant est handicapé. Elle a une paralysie irréversible des jambes. Elle ne se déplace qu’en fauteuil roulant. J’habite à Bugendana et je la fais soigner régulièrement à Bujumbura. Je prends chaque fois le transport en commun, mais je vous assure, c’est trop compliqué. Il me faut une voiture avec une place pour le transport du fauteuil roulant ».

Pourtant, voyager ou se déplacer parait anodin pour la plupart d’entre nous. Mais pour certains, ces actes quotidiens sont de véritable épreuves. Qu’il s’agisse de se rendre au travail, à l’église ou simplement de sortir voir des amis, c’est le même rituel et la même galère. C’est ce que vivent de nombreuses personnes en situation de handicap ici au Burundi. Une tragédie absolue. 

Un problème toujours pas résolu

En 2018, le gouvernement avait voté une loi portant sur la promotion des droits des personnes handicapées. Dans son premier chapitre section 2 article 3, il est stipulé que toute personne handicapée devrait avoir accès directement ou indirectement aux avantages des services sociaux publics dans toutes les sphères de la société. 

Elle incluait l’accès aux bâtiments, transport public, les routes et les rues accessibles aux personnes handicapées. Mais les résultats se font toujours attendre. Pour preuve, dans plus de cinq agences de voyage inter-provinces, il est rare de trouver un véhicule équipé pour les handicapés. Sans oublier les bus dans la ville de Bujumbura. Cependant, moi, j’ai des questions. Où se situe le rôle du gouvernement dans le bien-être de ses citoyens ? Pourquoi ne pas mettre en place une politique spéciale, réservée à eux, vu qu’ils sont d’un taux insignifiant par rapport à l’ensemble de la population ? 

Et si la sous-région nous inspirait ?

Contrairement au Burundi, le transport public au Rwanda et en Tanzanie est plus pratique pour les handicapés. Ils ont mis en circulation des bus équipés d’installations pour les infirmes. Comme l’a souligné le président du conseil d’administration de Jali Holdingd Ltd au Rwanda, promoteur de ce projet. Ils ont voulu que les personnes à mobilité réduite bénéficient eux-aussi de transports publics conviviaux et accessibles dans l’ensemble du système de transport public.

Et d’ailleurs, selon un rapport des Nations unies, les infrastructures adaptées sont primordiales pour permettre aux personnes en situation de handicap d’être plus indépendantes et de participer pleinement à tous les aspects de la vie du pays. Un modèle que le Burundi devrait suivre.

 

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