Qu’elles soient utilisées pour prévenir ou pour espacer les grossesses, les méthodes de contraception sont multiples. Les opinions sur leur efficacité également. Entre rumeurs, idées reçues, mythes et réalités, un spécialiste nous éclaire …
Il y a deux types de méthodes contraceptives, les naturelles et celles dites modernes. Parmi les naturelles, on trouve entre autres l’abstinence, la méthode du calendrier et le coït interrompu. Les contraceptifs modernes sont aussi de deux types : les méthodes hormonales et les autres dites mécaniques.
Ces derniers comprennent notamment le préservatif et les DIU (dispositif intra-utérin) tandis que les hormonales regroupent trois méthodes : les injectables, les pilules oestroprogestatives ou progestatives seules et les implants sous-cutanés parmi lesquels le Jadel est le plus connu. La contraception d’urgence fait partie aussi des méthodes hormonales.
« Migration » des méthodes mécaniques ?
Le préservatif est la méthode couramment utilisée, d’autant plus qu’il peut prévenir la grossesse et protéger contre les infections sexuellement transmissibles. Il y a ceux qui disent que lors des rapports sexuels, le préservatif peut s’échapper et rester dans le corps d’une femme. « Ce n’est pas tout à fait ça », nous dit le Dr Déogratias Ntukamazina qui explique : « En fait, le préservatif est conçu de telle sorte qu’il doit serrer l’organe génital masculin et dans ce cas il n’y a pas de risque ». Toutefois, « Il y a de très rares cas où le préservatif peut être collé et rester à l’intérieur de l’organe génital féminin », nuance-t-il. Mais, tranquillise l’obstétricien, «même si cela arrivait, on enlève ça facilement, même l’individu en question peut l’enlever, donc pas de peur ou de hantise d’autant plus que c’est très rare ».
C’est ce qui se dit aussi pour le DIU communément appelé stérilet. Que celui-ci va migrer vers l’intestin et que si jamais il y a grossesse, l’enfant va venir avec le stérilet dans la main. « Faux », rétorque Dr Ntukamazina. « Normalement, le DIU ne peut pas migrer, sauf s’il a été mal posé », explique-t-il. Il ajoute : « S’il y a grossesse, ce qui est rare car avec le stérilet, il y a conception à moins de 1%. Le DIU va être expulsé avec le placenta lors de l’accouchement ; sinon si on remarque tôt qu’il y a eu conception sous stérilet, il y a moyens de l’enlever. Vu tardivement, il a tendance à monter et là, on le laisse pour être expulsé avec le placenta ».
L’autre méthode, hormonale cette fois, dite pouvant migrer est le Jadel qui « pourrait migrer dans tout le corps à partir du bras jusqu’au niveau du cœur et même entraîner un arrêt cardiaque ». Là aussi, c’est faux. « Le Jadel est un implant sous-cutané qui est implanté dans le muscle et il n’y a aucune voie de migration », explique Dr Déo.
Gêne dans les rapports sexuels
Il y a des plaintes comme quoi certaines méthodes entraînent une sécheresse vaginale. «C’est surtout les méthodes hormonales tels les implants et autres injectables et cela est lié aux variations hormonales», explique Dr Ntukamazina mais, nuance-t-il : « Cela peut être corrigé car le plus souvent, c’est vraiment minime mais si c’est trop gênant, il faut consulter et chercher ensemble avec le médecin d’autres causes, le plus souvent psychologiques, et voir s’il y a nécessité de changer de méthode ».
Le stérilet aussi est présenté comme pouvant gêner les rapports sexuels car les « hommes le sentiraient durant l’acte et ça ferait mal». « Normalement, lors de la mise du stérilet, il y a des fils qui doivent rester dans le vagin, mais ils doivent être coupés pour rester courts ; s’ils sont longs, on les coupe encore ; et au fur et à mesure que le temps passe, ils vont se raccourcir encore plus au niveau du col et ce sont des fils souples qui ne font pas mal », nous dit le gynéco-obstétricien.
Autres effets sur la santé ?
Cancer, fibromes, grossesses extra-utérines…parfois liés aux contraceptifs ? « Pour le cancer, ce n’est pas décrit que les contraceptifs soient incriminés dans sa survenue, mais bien sûr si une femme présente des lésions génitales ou précancéreuses, il ne faut pas la mettre sous méthodes hormonales, par précaution, d’où il faut d’abord examiner toute femme avant de la mettre sous contraceptifs », explique encore le gynécologue. Il en est de même pour les fibromes utérins qui se rencontrent dans 60% des femmes africaines et asiatiques, sans aucun rapport avec les contraceptifs. La grosse extra-utérine aussi surviendra, en cas d’échec de la contraception, « chez les femmes qui avaient déjà des anomalies des trompes et qui auraient eu, très probablement, une grossesse extra-utérine, même sans contraceptifs ».
Quid des métrorragies ou saignements en dehors des règles, des troubles digestifs type douleurs abdominales ou vomissements ? « Ce sont en fait de petits effets indésirables de ces méthodes. S’il arrive que ce soit une gêne importante, il faut se rendre dans la structure où on vous a donné le contraceptif car ce sont des effets qui peuvent être corrigés ».
L’autre chose est que certaines femmes se plaignent de « ne plus avoir de règles une fois sous contraceptifs ». « C’est ce qui est des plus normal et cela montre d’ailleurs que la contraception a bien marché », explique Dr Ntukamazina, qui ajoute : « Certaines se disent que les règles qui ne sortent pas vont en fait s’accumuler dans le ventre et parfois elles sentent du sang dans la bouche quand elles toussent. Là encore, c’est faux car en fait, ça ne sort pas car l’utérus n’en a pas produit, donc pas d’accumulation »