Du 23 au 24 octobre, l’Afrique s’est réunie à Sotchi pour le premier sommet Russie-Afrique. Le Burundi n’a pas raté l’occasion et y a été représenté. Pourquoi ? Analyse.
La Russie, pays ami du Burundi
La Russie a toujours entretenu de bonnes relations avec le Burundi. Sous la présidence de Bagaza, le Burundi formait l’essentiel de ses élites militaires dans les prestigieuses académies de l’ex-Union soviétique. Le camp Mwaro portait le surnom de « Orgues de Staline » et les équipements militaires lourds encore opérationnels proviennent également des arsenaux russes. En 2015 et 2016, la Russie n’a ménagé aucun effort pour jouer le rôle de parrain au sein du conseil de sécurité de l’ONU.
Pour concrétiser cette amitié, le 2èmevice-président du Burundi a été décoré en 2018 par le président Vladimir Poutine, d’une médaille de la décoration nationale de « l’ordre de l’amitié ». Vice-versa, le président burundais a décoré l’ambassadeur de Russie au Burundi lors du 56 ème anniversaire de l’indépendance du Burundi. Cette présence du Burundi à Sotchi, est donc quelque part, une sorte de reconnaissance envers cette amitié fructueuse de longue date.
Garantir les intérêts russes
La présence de la Russie au Burundi n’est plus à démontrer. Servant de porte d’entrée des logiciels russes sur le marché africain, le Burundi sera le premier pays africain à adopter la suite bureautique russe « MoyOffis », dans le cadre du système informatique de l’État. Depuis 2015, la Russie a ouvert son marché d’écoulement militaire, sans oublier l’intérêt pour le sous-sol burundais. Citons l’acquisition par l’armée burundaise d’un système antiaérien russe de type « Pantsir-S1 » et la livraison de 4 hélicoptères de combat russe MI8 et MI24.
La présence russe s’observe aussi via les entreprises russes comme Tanganyika LismaLighting Innovation qui produit des ampoules électriques à faible consommation, et le Tanganyika Mining Burundi qui exploite l’or pour 25 ans à Mabayi. La présence du Burundi à Sotchi est aussi un moyen de montrer à la Russie la fidélité et la continuité de garantir les investissements et intérêts russes au Burundi.
La recherche des accords de partenariat
Le Burundi, exaspéré par les leçons de morale, a tourné le dos à l’Occident. Délaissé, la nécessité de nouveaux partenaires est devenue une priorité. Et la Russie, mettant l’accent sur le respect de la souveraineté et le conservatisme, semble le partenaire idéal.
En se rendant à Sotchi, le Burundi tente de renouveler les anciens accords de coopération qui ont été signés il y a plusieurs années, mais aussi décrocher d’autres accords de coopération. Signalons le mémorandum d’accord sur la coopération en matière d’enseignement supérieur qui perpétue pour le Burundi, les quarante bourses d’études par an, l’accord de partenariat entre la Banque de la République du Burundi et une banque russe « Gazprom Bank », l’accord d’exemption de visas entre le Burundi et la Russie pour les détenteurs de passeports diplomatiques et de service, etc.
Signalons qu’au cours de ce sommet Russie-Afrique, le 2ème vice-président du Burundi a été parmi les rares invités qui ont pu prononcer son discours en langue russe. Plus qu’une amitié, une fraternité.