Début 2019, la ville de Gitega est décrétée capitale politique du Burundi. Un espoir pour les gens de Gitega de voir leur ville acquérir des infrastructures modernes et l’économie s’améliorer, et être un centre de décision important au niveau national. Dix mois après le décret, quel bilan peut-on en tirer ?
Suite à la réfection et le bitumage de certains tronçons, le centre-ville de Gitega affiche un nouveau look. Les rues bitumées s’ornent déjà de pelouses et de fleurs. Les nouveaux arbres fleurissent déjà vers l’Hôpital Régional, et vers le stade Ingoma, des immeubles commencent à pousser. Mais ces quelques kilomètres de petites routes pavées sont-ils suffisants pour faire de Gitega la capitale politique ?
La ville s’agrandit et la circulation devient de plus en plus intense. En tant que ville secondaire, elle accusait déjà un manque d’autoroutes. Le développement de cette ville aurait dû suivre une planification stratégique, voire même un plan directeur sinon la perte financière sera énorme. Qui plus est, quelques quartiers naissent d’une manière spontanée. Ils n’ont pas de voies d’accès régulières.
Gitega ne dispose pas non plus de poubelles publiques. Les toilettes publiques se comptent sur les doigts de la main. Les habitants continuent à jeter les déchets dans la rue. C’est comme dans les autres provinces du pays, vous me direz. Mais à la seule différence que Gitega, c’est la capitale du pays.
Urgence
Il faut tout faire pour que Gitega n’hérite pas du nom de « capitale la plus modeste du monde ». Si le Burundi veut se doter d’une capitale politique digne d’une nation, des infrastructures publiques modernes doivent être pensées en urgence : autoroutes, éclairages publiques, feux de signalisation, espaces verts, dépotoirs. Mais aussi, chaque quartier devrait avoir un centre de négoce. Les bazars érigés autour du centre-ville devraient être démolis.
L’installation des institutions devrait aussi suivre. Actuellement, aucun ministère n’est basé à Gitega. L’inauguration en grande pompe du palais présidentiel à Bujumbura a suscité des doutes sur la volonté de transférer à Gitega le centre de décision. Cette capitale, ne subira-t-elle pas le même sort que les autres capitales politiques « fictives » connues en Afrique, comme Yamoussoukro en Côte d’Ivoire ou Dodoma en Tanzanie ?