Site icon LE JOURNAL.AFRICA

Sur les traces des débuts de la christianisation du Burundi

Alors que le 20 novembre, l’Église catholique célèbre la journée missionnaire mondiale, ils sont peut-être nombreux, les jeunes générations surtout, à méconnaître les débuts de l’évangélisation du Burundi. Retour sur l’histoire de la venue des premiers missionnaires au pays de Mwezi.

Le cardinal Lavigerie, ce nom vous dit peut-être quelque chose. Fondateur des Pères Blancs, c’est l’homme derrière la création des missions d’Afrique centrale dans lesquelles s’inscrit l’évangélisation du Burundi. Inspiré par les comptes-rendus des explorateurs et les démarches des hommes politiques sur l’Afrique, il fallait, estimait-il, sauver les « âmes plongées dans les ténèbres les plus affreuses de la barbarie », peut-on lire dans « L’instauration d’un royaume chrétien au Rwanda (1900-1913) », une thèse de doctorat de Gamaliel Mbonimana.

Et comme pour joindre la parole aux actes, en janvier 1879, les premiers pères blancs se trouvaient aux portes du Burundi. Tentant leur entrée au royaume des tambours, ils se heurteront cependant à une résistance farouche des chefs traditionnelles, du moins pendant les premières années de l’implantation missionnaire. 

Essai d’installation à Rumonge

À partir d’Ujiji (dans l’actuelle Tanzanie), écrit Jean Perraudin dans « Naissance d’une Eglise », les pères blancs tentent leur pénétration au Burundi. Le 15 mai 1879, les pères Deniaud et Dromaux arrivent au Burundi. Ils n’y trouvent aucun signe d’hostilités. Au contraire, ils sont accueillis chaleureusement par le chef Bikari de Rumonge qui accepte d’ailleurs avec plaisir leurs cadeaux. Mais ça, c’était avant qu’il ne se rétracte et les chasse, redoutant la réaction du roi Mwezi Gisabo s’il apprenait l’arrivée des étrangers sur son territoire. Encore que ce chef de Rumonge n’entendait pas héberger des personnes qui n’étaient pas prêtes de se soumettre à son autorité. D’ailleurs, dans un conflit qui opposera ces « nouveaux venus » et le chef Bikari, deux pères blancs sont tués, criblés de lances et un autre est blessé. Humiliés par ce chef, les missionnaires vont tenter de s’installer ailleurs.

Après Rumonge, direction Buyogoma

À la suite de l’échec de leur installation à Rumonge, raconte Julien Gorju, les pères blancs furent accueillis chaleureusement à Uzige, la région actuelle de Bujumbura par le chef Rusavya. Le poste y implanté, dédié à Saint Michely, fut de courte durée.

Suivra alors l’aventure dans ce qui sera la première mission au Burundi. En effet, en 1898 avec l’autorisation de Monseigneur Gerboin, les pères blancs déménagèrent dans la region de Buyogoma, à Muyaga précisément. Là aussi, l’installation ne sera pas des plus faciles, le chef Muzazi s’opposant farouchement à ces « étrangers ». Il faudra attendre l’intervention des Allemands pour soumettre ce chef et permettre par-là la fondation de la mission. 

Après Muyaga, suivra la fondation des missions de Mugera (1899), Buhonga (1902), Kanyinya (1905), Rugari (1909) et Buhoro (1912). 

Quant aux sœurs blanches, les premières mirent le pied au Burundi en juillet 1905. En 1906, fut installé leur premier couvent à Buhonga. Ce choix était guidé par la proximité de la station allemande d’Usumbura et des facilités de ravitaillement en médicaments. Le 05 août 1908, c’était au tour de Muyaga d’accueillir d‘autres sœurs blanches. De même que Mugera le 14 octobre 1911.

Quid des missionnaires protestants ?

Toujours dans le sillage de l’évangélisation, en 1911, les missionnaires allemands protestants vont créer les centres missionnaires de Kibimba, Musema et Muyebe. Toutefois, note l’Historien Emile Mworoha, à la suite de la défaite des Allemands face à la Belgique en 1916, ces missions ne feront pas long feu. 

Il faudra attendre 1925, explique-t-il, pour voir l’installation d’autres missionnaires protestants. Ce sont les adventistes du 7ème jour qui s’établiront dans les territoires de Bubanza et Ngozi. En 1928, ce sera le tour de « The Danish Baptist church » tandis qu’en 1935, L’Église Méthodiste Libre s’installait à l’ancien site missionnaire de Muyebe. La même année, l’Église des Amis s’installait sur le site missionnaire de Kibimba pendant que les Anglicans fondaient les missions de Buhiga et de Matana.

1935 est aussi l’année de l’installation des missionnaires pentecôtistes suédois. Les missions de Kayogoro (Mabanda) et Kiremba (Bururi) en 1935, Gishiha (Vugizo) en 1936 et Mugara (Rumonge) en 1940 ont été les premières à être construites. En 1940, c’est l’arrivée de la mission  « The World Grace Testimony ». Les églises fondées par cette mission deviendront en 1942 les Eglises Emmanuel. 

Soulignons au passage que même à l’époque de l’évangélisation, d’autres organisations religieuses non-chrétiennes existaient. Pour preuve, jusqu’en 1960, le Burundi comptait 350.000 Musulmans, 525 Orthodoxes, 300 Juifs (judaïsme) et 180 Hindous.

 

Quitter la version mobile