Ce 22 octobre, quatre reporters du groupe de presse Iwacu ont été arrêtés à Bubanza au nord-ouest du Burundi, en marge d’affrontements opposant les Forces de l’ordre et un groupe d’hommes armés. Partis en observateurs, ils ont été reçus en ennemis, à l’instar de ceux qui se faufilaient vers la Kibira. Allons-nous nous en étonner ? Non. Parce que…
… être journaliste au Burundi après 2015, c’est tout simplement une question de choix. Choisir de faire fi des supplications amères de tes proches. Choisir de faire taire cette voix intérieure qui te dit que tu marches sur une corde raide. Choisir d’être fou et de jouer à Don Quichotte, tout en sachant que tes moulins à vent sont d’impitoyables géants à la poigne de fer. Choisir d’être une souris dans une pièce truffée de pièges à rat, et qui se rétrécit de jour en jour.
Être journaliste, c’est accepter d’avancer à tâtons en pleine nuit, dans une maison étrangère, en espérant tomber sur l’interrupteur.
Mais comment cette demeure est-elle devenue si inconnue, si hostile, et si sombre, pour ses propres locataires ? Le plus important : pourquoi ?
Comment cette plume, voulue aphone, monocolore, et rendue balbutiante, est-elle aujourd’hui si dangereuse pour mériter un coup de gourdin en pleine nuque ?
Les réponses existent, mais elles ne satisfont que ceux qui les donnent. On le sait tous, « qui veut noyer son chien, l’accuse de rage ». Mais entre nous, nous savons qui des deux, entre le chien et son propriétaire, celui qui est malade.
En attendant, louons la folie d’Agnès, Christine, Égide, Terence et tous les autres, car leur grain de folie représente l’espoir d’une pensée libre, d’un peuple conscient et d’un idéal de démocratie.