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Contraception : les serviteurs de Dieu prêchent-ils dans le désert ?

La position des religions monothéistes sur le sujet de la contraception est connue. En dehors des méthodes de contraception naturelles, point de salut. 

Le Burundi est un État laïc par sa Constitution dont la population est généralement croyante. La religion joue un rôle important dans la gestion de la société burundaise jusqu’au planning familial même. Différentes églises chrétiennes encouragent vivement l’utilisation des méthodes naturelles de régulation des naissances par rapport à la contraception artificielle. Elles soutiennent que cette dernière est une méthode interrompant le projet de Dieu pour qu’il n’y ait pas une ouverture potentielle à la vie, ce qui est contre la morale chrétienne.

À titre illustratif, la doctrine catholique soutient que l’amour des époux est le fondement de leur mariage, ce qui se manifeste partiellement par un acte sexuel, synonyme de l’orientation à la vie. Tout ce qui vient bloquer ou perturber artificiellement l’apparition probable d’une vie nouvelle (rencontre des gamètes), est contre nature, donc un péché. L’église recommande fortement la gestion des naissances surtout en maîtrisant les périodes d’ovulation de la femme et en se contrôlant sexuellement (abstinence périodique). Mais cette stratégie reste peu fiable, car les périodes fécondes peuvent varier. Cette manière de voir les choses ne convainc pas tout le monde, certains décident autrement, même les fidèles.

Témoignage

« À l’église, les “serviteurs de Dieu” prêchent sans cesse à l’égard des époux qu’ils sont appelés à procréer et à remplir la terre, et je me demande si elle n’est pas déjà remplie. Le Burundi est quasiment saturé, en tenant compte de sa population actuelle. Notre Église s’inscrit en faux contre les méthodes contraceptives artificielles, pourtant, mon mari et moi avons décidé de passer outre ces enseignements afin de ne pas mettre au monde n’importe comment malgré les exhortations de l’Église », confie Joselyne (pseudo), protestante et mère de trois enfants. « Dans le but de privilégier le bien-être familial, après la naissance du troisième enfant, nous nous sommes engagés à limiter les naissances par la contraception artificielle à l’insu de qui que ce soit et avec le risque d’excommunication », ajoute-t-elle.

Même si son Église est défavorable à cette forme de contraception, Joselyne ne regrette pas du tout : « Depuis trois ans, je suis secrètement sous contraceptif. Les conséquences sont heureuses et visiblement claires au sein de ma famille, je suis fière de ma féminité, car je suis épargnée des grossesses de tout temps. En plus de cela, mon époux et moi accomplissons aisément le devoir conjugal sans avoir peur des grossesses non désirées. Nous sommes évidemment rassurés que nous procréerons encore, quand nous voudrons », ajoute-t-elle.

Les bienfaits de la contraception

« Le gouvernement et la religion ne s’entendent pas totalement sur la question de la contraception, pourtant, les bénéficiaires choisissent ce qui leur semblent bons. Certaines femmes préfèrent suivre les enseignements religieux, mais d’autres, tenant compte des problèmes familiaux liés aux grossesses et naissances incessantes, décident d’utiliser les contraceptifs », précise le Docteur Franck Arnaud Ndorukwigira.

En 2019, selon les chiffres de l’ISTEEBU, la population burundaise est estimée à 12 millions d’habitants sur une superficie de 27 834 km². Et la densité est de 403 habitants/km² avec un taux de croissance démographique de 2,4. En plus de cela, si la croissance démographique garde le même rythme, la population burundaise risquera de doubler d’ici 2050. Ces chiffres sont sans doute alarmants, il vaut mieux que la population ait un esprit malthusien. Or, l’utilisation des contraceptifs est l’un des moyens envisageables susceptibles de ralentir la croissance démographique.

La contraception aide les couples à déterminer l’espacement des naissances et à éviter les grossesses non voulues. Elle favorise aussi la sexualité épanouie sans soucis de la conception. Elle a finalement des avantages familiaux et économiques car les époux conçoivent le nombre d’enfants qu’ils peuvent prendre en charge notamment par rapport à la nutrition, la santé, la scolarité, etc. Cependant, il est important que les bénéficiaires trouvent des contraceptifs convenables à leurs organismes afin de minimiser les effets secondaires.

 

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