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SOCIETE

La Burundaise vue à travers le prisme du temps

Trois destinées, trois histoires, un même genre. Petit flash-back dans les années antérieures pour comprendre l’évolution de la femme dans la société burundaise.

On est en 1921. Au lever du soleil, Catherine* prend son balai, nettoie toute la cour. Après, elle fait paître les veaux. À longueur de la journée, Catherine va puiser de l’eau, préparer le repas sans oublier les travaux champêtres qui l’attendent. Catherine sait qu’il y a des plaisirs qu’elle ne peut se permettre. C’est entre autre des aliments qui lui sont prohibés, réservés à la gent masculine.

Catherine sait aussi qu’elle n’a pas le droit de parler directement à son papa. S’il y a quelque chose qu’elle ne comprend pas ou un souhait quelconque qu’elle aimerait exprimer, sa maman lui sert de pont. Tant pis si cette dernière juge que la chose ne vaut pas la peine d’être exprimée, sa bataille sera perdue d’avance. 

Elle sait qu’elle doit rentrer très tôt, aux environs de 16h, izuba ritararenga et d’ailleurs, Catherine n’a pas le droit de sortir sauf si c’est pour accomplir une tâche autorisée par ses parents. 

Y a-t-il une personne qui vient leur rendre visite ? S’il est de sexe masculin, Catherine doit fuir dans le rugo pour laisser ses frères ou son père l’accueillir. À défaut de trouver une autre personne aux environs, Catherine lui parle timidement, tête baissée. D’ailleurs, c’est comme cela même qu’elle s’adresse à ses frères. 

Catherine vient d’apprendre qu’une amie à elle vient d’être poussée dans un grand ravin, « igisumanyenzi », car enceinte alors qu’elle est toujours célibataire, un délit. Aussi a-t-elle hâte que ses parents lui trouvent un mari, on ne sait jamais. Elle n’a que 18 ans et des hommes âgés passent et repassent pour la voir. Elle se demande si c’est pour eux ou leurs fils…

Des études, mais pas trop longues

1962. Chantal est la fille de Catherine. Elle a 8 ans. Quand son père l’accompagne à l’école le premier jour, elle remarque que dans une classe de plus de 20 élèves, elles ne sont que deux filles. Des fois, elle surprend sa mère en train de papoter avec les autres femmes du voisinage. « Mais pourquoi envoyez-vous votre fille perdre son temps à l’école ? ». Elles donnent des justificatifs pour prouver que la place de Chantal n’est pas l’école. Son père, autour d’une calebasse de bière de sorgho avec ses amis, subit le même interrogatoire. Le tout parce que « ntamashure y’abakobwa ». Chantal, elle, aime l’école et se débrouille bien, mais elle a peur que ses parents soient convaincus par leurs pairs un jour. Ce qui finit par arriver.

Dans son parcours de jeune fille, Chantal se heurte à diverses restrictions culturelles. Chantal n’a pas le droit de prendre la parole en public ; « ntankokokazi ibika isake ihari ». Elle sait aussi qu’elle doit céder s’il y a une dispute avec ses frères, de peur d’être qualifiée de « ishirasoni ». Il y a d’autres restrictions qui l’ennuient mais elle ne dit rien. Chantal n’aura pas la chance de continuer ses études car elle n’a pas besoin, lui dit-on, de faire de longues études : « Diporome y’umukobwa n’umugabo ». 

Une lueur d’espoir

Aujourd’hui, Chantal a mis au monde. Et parmi ses enfants, Carine. Même si cette dernière fait toujours face à différentes restrictions et barrières, elle a étudié, elle travaille et fait des night shifts sans aucun problème. Autour d’elle, des jeunes filles dépassent les limites, créent, courent, et innovent comme sa grand-mère ne l’aurait jamais rêvé. Et comme pour rejoindre l’ONU avec son thème de l’année, la fille est une force libre et inarrêtable. 

Courage à la fille Burundaise, elle vient de loin. 

 

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