Site icon LE JOURNAL.AFRICA

Cancer du sein : ça concerne aussi les hommes

On parle beaucoup du cancer du sein chez la femme, en oubliant souvent qu’il existe aussi chez l’homme. Or, c’est une réalité au Burundi. En plein mois d’octobre dédié à la sensibilisation contre le cancer du sein, Meldeus Makarakiza (le nom a été changé), 45 ans, fait partie de ceux qui ont été touchés. Il témoigne…

2012. J’avais une sorte de rougeur autour du mamelon droit. Ça ne me démangeait pas. J’avais aussi une douleur thoracique pas très grave. Sous la pression de ma femme, j’ai consulté mon généraliste. Lorsque le médecin m’a demandé s’il n’y avait rien d’autre à part cette douleur, j’ai répondu « Non », bombant le torse, fier de ma santé resplendissante. Ma femme, qui m’accompagnait, est alors intervenue. « Chéri, montre-lui donc cette petite rougeur que tu as repérée sur ton sein droit ». Le médecin m’a à peine palpé et a annoncé illico : « Il n’y a rien ». Il m’a prescrit un antidouleur et une radiographie thoracique par sécurité. Comme il ne m’a pas vraiment alarmé, je ne l’ai pas faite.

2014. La rougeur n’a pas bougé d’une semelle. Un jour, en train d’être caressé par ma femme, elle a remarqué que mon sein droit pissait du lait maternel. Et le lait était un peu strié de sang. Retour chez mon médecin. À peine après l’interrogatoire, le médecin parlait peu, mais son silence et son regard en disaient beaucoup. Il m’a tout de suite fait passer une mammographie, puis une biopsie, et pouf! J’avais un cancer du sein.

Surprise

J’étais très surpris ! Pour moi, ce cancer-là était féminin. Quinze jours après le diagnostic, on m’a enlevé la totalité du sein et des ganglions sentinelles. J’ai un creux à la place du téton. C’est moche. D’ailleurs, personne n’a vu ma poitrine sauf ma femme. La chimio me fait mal. Tous ceux qui sont venus me rendre visite ne m’ont jamais pris au sérieux. Les rares fois où j’abordais le sujet, c’était toujours plus ou moins la même réaction : « Tu as un cancer du sein, toi ? Mais, c’est une maladie de femme ! »

Un cancer pas que féminin

Contrairement aux apparences, les seins féminins et masculins ont de nombreux points communs. La seule vraie différence est la taille. « Les seins des hommes sont faits comme ceux des femmes, la masse en moins », nous explique Dr Ndikumana. Cela fait que les hommes ne sont pas eux aussi à l’abri du cancer du sein. Selon ce docteur, la plupart des hommes à qui il en parle sont surpris d’apprendre qu’eux aussi peuvent avoir ce cancer. Le défi est que les hommes ont plus de difficulté à s’exprimer lorsqu’ils ont un organe détraqué. De même, ils sont déroutés par les diagnostics et les traitements, et ont tendance à attribuer les symptômes, comme les grosseurs au torse par exemple, à d’autres causes. C’est pourquoi, le cancer du sein est souvent diagnostiqué à un stade avancé chez eux. 

Les hommes doivent eux aussi se prendre en main. Il faut prendre l’habitude de se palper régulièrement le torse et les aisselles, et de relever les changements inhabituels. Aussi bénins soient-ils. Ils doivent faire attention à tout changement d’apparence, signaler un nodule, une douleur, une rétraction du mamelon ou un écoulement sanguinolent. Meldeus nous fait un clin d’œil : « Messieurs, s’il vous plaît, si vous constatez une anormalité autour de vos seins, allez voir un médecin. Un diagnostic précoce est toujours une bonne chose. »

 

Quitter la version mobile