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Pourquoi le ‘‘made in Burundi’’ peine-t-il à convaincre ?

Selon la Banque mondiale, la consommation des produits locaux est présentée comme un des principaux moteurs de développement. Malheureusement, au Burundi malgré la politique nationale de promouvoir les produits locaux pour l’exportation, le bilan reste mitigé. Pourquoi ? Que faire pour améliorer la situation ? Analyse.

C’est une évidence. Le Burundi importe plus qu’il n’exporte. Pour preuve (et c’est un exemple) en 2017, on a exporté 161 millions d’USD et importé pour 805 millions d’USD de marchandises. Le déficit commercial s’élevait à 10,2 % du PIB. Or, selon les spécialistes, si d’ici 2025 l’exportation n’augmente pas de 10 %, la probabilité de sortir de la liste des pays pauvres restera une utopie. Pourtant, d’après le Plan National de Développement 2018-2027, le pneu de secours pour atteindre ce seuil est la promotion des produits locaux. Le Made in Burundi. 

Dans le chapitre 4 de ce plan, il est prévu une croissance de 9,5 % en 2024 et 10,7 % en 2027. Malheureusement, ce pneu de secours est troué. De un. Si la transformation des produits locaux est une réalité, leur consommation et leur valorisation ne suit pas le rythme. « Beaucoup préfèrent les marchandises étrangères au détriment des marchandises locales », explique Nadine, rencontrée dans une alimentation en train d’acheter le lait de marque « Inyange » au détriment de « Natura » du Burundi. « Les produits importés sont de meilleure qualité que les nôtres », explique-t-elle.

De deux. En dehors de la qualité, le climat des affaires fait défaut. Monter une entreprise et la rendre viable reste un défi. Cela pèse non seulement sur l’offre à la production locale, mais aussi sur l’économie du pays en général. Selon Mathias Sinamenye, expert en économie, « l’absence d’une politique favorable en matière d’industrialisation, l’insuffisance des matières premières, l’accès difficile aux crédits, l’absence des marchés d’écoulement, le manque d’infrastructures et de l’énergie bloquent l’esprit de travailler, d’innovation et de compétition. D’où la production locale en demi-mesure ».

Pistes de solution

Pour Mathias Sinamenye, le gouvernement a un grand rôle à jouer. Il devrait développer le secteur industriel tout en réduisant les taxes sur les matières premières. Ensuite, créer un mécanisme de croissance d’exportation pour aider les petites et moyennes entreprises tournées vers l’exportation à financer plus facilement le règlement de leurs intérêts, en leurs accordant des prêts subventionnés d’un taux d’intérêt bas. Enfin, l’État devrait permettre aux produits burundais d’avoir une visibilité à l’exportation, et accroître les échanges commerciaux entre le Burundi et les autres pays. Et cela, sans oublier de créer un climat qui attire les investissements locaux et étrangers, afin de découvrir le véritable potentiel économique du Burundi.

Il s’avère alors nécessaire d’organiser plus de foires Made in Burundi, dans le but d’offrir aux producteurs locaux une occasion de faire connaître et vendre leurs produits au grand public. Mais aussi, d’évaluer le pas déjà franchi dans l’augmentation et la diversification de la production, ainsi que l’amélioration de la qualité qui rend les produits de plus en plus compétitifs sur le marché des exportations.

 

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