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Burundi : femmes rurales, les invisibles piliers de notre société

Du 15 au 17 octobre de chaque année, le monde célèbre trois journées qui reflètent le rôle capital des femmes rurales dans le développement.  Malheureusement, au Burundi, la situation de ces femmes reste encore précaire, malgré le rôle éminent qu’elles assurent au sein de la société. Coup de projecteur.

Selon la résolution 62/136 des Nations unies, la femme rurale joue un rôle crucial dans le renforcement du développement agricole, l’amélioration de la sécurité alimentaire et dans la lutte contre la pauvreté. Au Burundi, elle est l’épine dorsale de l’économie. Sans elle, le pays ne pourrait s’en sortir.

D’après une étude de la FAO sur le Burundi, 97,4% de ces femmes exercent dans le secteur agricole, l’activité dominante de l’économie et qui rapporte, en valeur ajoutée, plus de 50% du PIB, 95% de devises et 95% de l’offre alimentaire. Contribuant au développement et à la croissance économique, ces femmes devraient avoir une facilité d’accès aux facteurs de production. Pourtant, la situation est actuellement toute autre. 

Le droit à la propriété : un caillou dans la chaussure

« Il me dit toujours qu’il a payé la dot, et que je suis son esclave. Je n’ai aucun droit sur la production. Moi, je me contente de travailler dans les champs. Pendant la période de récolte, il me récompense en me donnant des coups de bâton et en m’envoyant dormir à la belle étoile. Puis, il vend la récolte au profit de son deuxième bureau », se plaint Gorette Niyonzima de la commune Mutaho. 

Même si c’est elle qui est la principale actrice des travaux champêtres, non seulement elle n’a pas droit à la terre, mais elle n’a pas non plus de droit de décision sur les revenus provenant de cette terre. Or, selon une étude, l’absence de propriété sur les terres, en droit et en fait, freine l’essor économique de ces femmes, accentue l’insécurité alimentaire et la pauvreté à leur égard, les maintient et les renforce dans une situation d’inégalité sociale.

L’inégalité ne fait qu’empirer la situation

Ce faible pouvoir de décision des femmes rurales les relèguent au second plan. Même s’il arrive qu’elles aient accès au crédit agricole, c’est toujours le mari qui décide de sa gestion. Pourtant, si on leurs donne les mêmes droits d’égalité qu’aux hommes, elles feraient bien plus. Pour preuve. Selon un rapport de la FAO, les femmes rurales, si elles bénéficiaient du même accès aux ressources productives que les hommes, pourraient augmenter les récoltes agricoles de 20 à 30%, permettant ainsi de sortir de la famine 100 à 150 millions de personnes. Un bel exemple que le Burundi devrait suivre vu que la prévalence de la malnutrition chronique ne cesse d’augmenter. (Elle est de 57%, soit une augmentation de 1 % par rapport à l’année passée).

L’accès au crédit : un problème épineux 

Suite à l’exclusion des femmes aux droits fonciers, elles se heurtent à de graves difficultés lorsqu’elles ont besoin de crédits. Les institutions financières exigent des hypothèques immobilières comme garantie. 

Dans ce contexte, l’accès des femmes rurales aux facteurs de production et à leur contrôle dans le secteur agricole constitue un défi à la valorisation de leur potentiel économique et un enjeu majeur pour le pays par rapport aux objectifs de réduction de la pauvreté et de croissance économique. Un paradoxe qui pèse sur le développement du pays.

 

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